
Il est important d’aborder la mort, sujet pourtant difficile, avec les enfants, avides de questions : il est où papi ? Il est parti où mon lapin ? Elle revient quand ? Nous, les adultes, devons trouver les bons mots pour répondre à ces sollicitations et pour que les enfants comprennent et acceptent de perdre un être cher. Mais comment parler de la mort aux enfants ?
Accepter la mort
La mort est synonyme de disparition définitive. Elle fait partie du cycle de la vie. C’est un passage auquel tout être vivant est confronté. Elle peut frapper très tôt, comme attendre des années, surgir à la suite d’une maladie, d’un accident… Il y a beaucoup de causes qui peuvent engendrer la mort et cela est important de l’expliquer aux enfants, et surtout, de les rassurer, de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls face à ce drame, mais bien entourés de leur famille.
Les adultes face à la mort
Avant d’aborder la mort avec un enfant, il est important que l’adulte soit au clair avec lui-même et accepte la perte d’un être un cher. Il entrera ainsi plus facilement en dialogue avec son enfant. Cacher la mort d’une personne ou d’un animal de compagnie à un enfant n’est pas la solution à privilégier car l’enfant absorbe toutes les émotions. Il est souvent comparé à une éponge. L’enfant sentira qu’il se passe quelque chose et que vous êtes triste. Lui cacher risque d’engendrer un stress, des angoisses et encore plus de questions.
Lorsque vous vous sentez prêt à aborder le sujet avec votre enfant, il est important de se dire que vous ne détenez pas toutes les réponses et de le dire ouvertement à votre enfant. Ainsi, il sentira votre implication face à la situation et se sentira, de surcroit, concerné. Parler de la mort, « c’est aussi inclure l’enfant dans la famille et par là même le sécuriser » selon la psychiatre Annette Levillain-Danjou.
Retrouvez l'article L'enfant et la mort, un tabou pour l'adulte d'Annette Levillain Danjou.
À quel âge parler de la mort à un enfant ?
- La mort peut être abordée dès l’âge de 2 ans si l’enfant y est confronté. Il posera souvent les mêmes questions car la mort symbolise plutôt une absence temporaire pour lui à cet âge-là.
- Vers 5 ans, la mort est associée au sommeil car l’imagination de l’enfant est en plein développement.
- Après 6 ans, la mort est représentée de manière concrète et associée à des personnes.
- C’est vers 10 ans que l’enfant comprend que la mort est définitive.
Trouver les bons mots
« Il faut reprendre les événements, les circonstances entourant la mort, sans détail excessif avec des mots simples et justes… pour permettre à l’enfant de poser des questions immédiates ou plus tardives » selon Annette Levillain-Danjou. Cela peut paraître anodin, mais la simplicité est à privilégier aux dépens des expressions qui peuvent porter à confusion comme « partir pour un long voyage », « s’endormir » ou encore « être au ciel ». Ces tournures peuvent créer des angoisses chez l’enfant : ce dernier aura du mal à s’endormir de peur de mourir aussi, l’idée du voyage sous-entend un retour et de fait, un refus d’accepter la mort, suscitant davantage de questions de la part de l’enfant (Elle revient quand maman ? Il est parti où papi ?).
Ainsi, la tournure « il est mort » permet d’ancrer l’enfant dans la réalité et d’engendrer un dialogue. L’importance du non-verbal est tout aussi indispensable pour ce moment douloureux : prendre son enfant sur les genoux, lui tenir les mains, se mettre à sa hauteur, réunir toute la famille afin de rassurer l’enfant, le réconforter et lui montrer qu’il n’est pas seul face à cet événement.
Rassurer l’enfant
Rassurer l’enfant est très important car il a besoin de sentir qu’il est entouré, aimé et qu’il n’est en aucun cas responsable de la mort, même s’il ne le montre pas. Votre enfant a aussi son jardin secret et pourra exprimer ce qu’il ressent quelques jours après. Le deuil est ensuite le chemin vers l’acceptation, autant pour les adultes que pour les enfants : « Un jour arrive enfin où la vie reprend le dessus. Alors la douceur nostalgique des souvenirs l’emporte sur les regrets de la perte. L’être aimé qui est mort a trouvé maintenant une place tout à fait particulière dans le cœur de ceux qui l’aiment. Ils sont maintenant en état de se permettre de retourner vers la vie. » selon Isabelle Hanus, assistante sociale au Ministère de la Justice et vice-présidente de la Fédération Vivre son deuil. En effet, entretenir le souvenir et l’amour de l’être décédé sont aussi essentiels pour rassurer l’enfant, avancer pas à pas dans le deuil et reprendre goût en la vie.
Retrouvez l'article Parler de la mort avec son enfant d'Isabelle Hanus.
Nommer ses émotions et sentiments
Parler de la mort aux enfants revient également à nommer les émotions et sentiments qui parcourent le corps et le cœur : avoir de la tristesse, de la nostalgie, du chagrin, mais aussi un sentiment d’abandon, d’incompréhension… Autant d’émotions et de sentiments qui traversent les adultes et que les enfants se doivent de nommer pour accepter la mort d’un être cher, la perte de leur animal de compagnie. Les livres évoquent ces émotions et sentiments pour comprendre la mort et tenter de l’accepter.
« Il est normal que la douleur de l’enfant se manifeste à travers de la tristesse, de la colère, un sentiment de solitude, d’abandon ou de culpabilité. Quelque soient ces émotions, leur expression est nécessaire et il convient de les traiter avec acceptation et réconfort. Des émotions non exprimées pourraient se transformer en en agressivité contre les autres ou soi-même » souligne Laetitia Bluteau, psychologue.
Retrouvez l'article Parler de la mort avec les enfants de Laetitia Bluteau.
Expliquer la mort grâce aux livres
Le livre s’avère être un bon médiateur pour expliquer la mort aux enfants et aider les adultes à aborder le sujet. Certains sont spécialement écrits dans ce but et l’abordent avec justesse, finesse et une extrême sensibilité. Aujourd’hui, le thème de la mort n’est plus tabou, mais au contraire, de plus en plus exploité en littérature de jeunesse. Pour cause, les émotions et les sentiments chez les enfants, notamment les tout-petits, sont à présent considérés pour aider les enfants à grandir (Comment expliquer les émotions aux enfants ?), comme le soulignait la pédiatre et psychanalyste Françoise Dolto.
Qui était Françoise Dolto ?
Pour les enfants, les livres sont un premier aperçu de ce qui les entoure. Ainsi, lire un livre jeunesse sur la mort peut informer, expliquer et permettre aux enfants de comprendre la mort et faire leur deuil pas à pas.
Le catalogue de Storyplay’r comporte ainsi plusieurs livres dont les auteurs ont su trouver les mots justes afin que les adultes aident les enfants à appréhender la mort et que les enfants mettent des mots sur ce qu’ils ressentent.
Livres qui expliquent la mort à découvrir sur Storyplay’r :
Pour toute la vie
de Sophie Helmlinger et Didier Jean & Zad
aux éditions Utopique
Cet album aborde, avec une extrême sensibilité, la mort d’un enfant dans le ventre de sa mère.
Les tartines de rillettes
de Simon Priem et Carla Cartagena
aux éditions Utopique
Cet album souligne l’importance du souvenir de l’être cher.
Mon vieux toutou
de Nadine Brun-Cosme et Marion Piffaretti
aux éditions ABC Melody
Cet album met en avant l’importance d’évoquer la vieillesse et l’avenir d’un animal de compagnie.
Retrouver tous nos albums jeunesse sur le thème de la mort.
Image de couverture issue de la fable La Mort et le Bûcheron de Jean de La Fontaine.
Sources :
Levillain-Danjou, Annette. « L’enfant et la mort, un tabou pour l’adulte », Jusqu’à la mort accompagner la vie, vol. 114, no. 3, 2013, pp. 13-27.
Hanus, Isabelle. « Parler de la mort avec son enfant », Études sur la mort, vol. 134, no. 2, 2008, pp. 59-70.
http://www.dolto.fr/