
La dyslexie est une difficulté d’apprentissage de la lecture et de l’orthographe. Elle est en général décelée lors des premières années à l’école primaire (CP et CE1). Parmi les outils permettant de faciliter l’apprentissage chez les enfants dys, les polices de caractères peuvent parfois jouer un rôle important. Quelle police d’écriture choisir pour les enfants dyslexiques ? Existe-il une police meilleure que les autres pour les dyslexiques ? Qu’en est-il de la taille des caractères ? Ce qu’il faut savoir sur les polices de caractères et la dyslexie.
Qu’est-ce que la dyslexie ?
La dyslexie est un trouble de l’apprentissage qui entraîne des difficultés de lecture et d’orthographe chez l’enfant. Décelée lors des premières années à l’école primaire, elle prend différentes formes, mais sans jamais avoir un lien avec l’intelligence. On peut distinguer 2 formes de dyslexie :
- La dyslexie phonologique : elle se manifeste par une difficulté à faire le lien entre le graphème et le phonème. On parle alors d’un dysfonctionnement de la voie d’assemblage.
- La dyslexie de surface : il s’agit d’une difficulté à mémoriser l’image d’un mot. On parle aussi d’un dysfonctionnement dans la voie d’adressage.
Dans la dyslexie phonologique, on note parmi les symptômes :
- Une incapacité à ordonner les lettres, les mots ou les syllabes ;
- Une incapacité à faire la différence entre des graphèmes visuellement proches ;
- Une incapacité à faire la différence entre des mots morphologiquement proches.
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Afficher le texte peut-il aider l’enfant ?
On voit bien que l’affichage du texte peut sans aucun doute aider l’enfant dans la reconnaissance des lettres, des graphèmes, des mots et des phrases. La suppression des empattements et une mise en gras dans le bas des lettres permettra par exemple de faciliter la distinction entre les lettres qui se ressemblent. On sait par exemple que la forme générale du texte a son importance puisqu’elle permet de cadrer l’œil de l’enfant et d’éviter ainsi toute distraction visuelle ou tout mouvement oculaire permanent et dysruptif. Par la forme du texte, on sous-entend sa mise en page, c’est-à-dire l’interlignage, le choix et la taille de la police, le fond de la page, l’espacement entre les mots…
Laetitia Branciard, vice-présidente de la Fédération française des Dys, évoque à ce sujet : « Tant que les autres ne savent pas que les lettres bougent sous vos yeux et qu’elles sont déformées, vous passez pour un crétin, ni plus ni moins. Il y a encore un énorme travail d’information et de formation à mener. Sait-on que 50 % des enfants en primaire atteints d’un trouble de l’apprentissage sont dépressifs ? […] Pour tenter d’y remédier, nous travaillons avec des éditeurs sur certains aménagements graphiques, indispensables pour les Dys, et inconnus des mal-voyants : adapter la police de caractères, l’interlignage, l’écartement entre les mots, la non-justification des textes. Pour les petits, pratiquer la syllabisation colorée. Ce sont là des moyens d’aider ces personnes à développer et conserver une pratique de lecture. Ceux qui sont moins empêchés de lire que les autres vont ainsi pouvoir gérer parallèlement l’écrit, l’écran et la synthèse vocale. Ils vont lire tout seul un moment, puis, quand ils sont fatigués, ils écouteront la voix. » (Article du Ministère de la Culture Rentrée littéraire : mobilisation pour rendre les nouveautés disponibles aux lecteurs empêchés)
Pour aider un enfant dyslexique dans son apprentissage de la lecture, le choix de la police de caractères qui donne sa forme aux lettres fait donc partie des éléments visuels à prendre en considération.
Quelle est la meilleure police d’écriture pour les personnes dyslexiques ?
Si la police de caractères peut avoir son importance pour les enfants dys, nos recherches dans la littérature spécialisée ne nous permettent pas de vous donner la ou les « polices miracles » capables de résoudre les problèmes de lecture de tous.
Un choix qui dépend des préférences de l’enfant
Le choix de la police d’écriture chez les enfants dyslexiques semble souvent être individuel, chaque enfant ayant une préférence pour telle ou telle police. Nous vous indiquons ci-dessous un certain nombre de polices qui ont été identifiées comme adaptées à certaines situations de dyslexie chez l’enfant.
Certaines polices seraient plus adaptées aux enfants dyslexiques : il s’agit des polices dites sans empattement pour lesquelles les caractères sont à bâton (ou sans sérif), comme Arial, Verdana et Tahoma.
Conçue pour les enfants, Comic Sans est aussi très appréciée par les dys, bien qu’aucune étude n’ait démontré que cette police améliorait la lisibilité d’un document de manière significative. Certains la trouvent trop enfantine, trop grasse, ou trop informelle. C’est pourtant l’une des polices les plus lisibles de Windows, car ses lettres sont facilement identifiables.
Moins répandue, Sassoon a été conçue pour la lecture précoce et est très appréciée pour le matériel Montessori. Quant à Andika, elle a été conçue pour les lecteurs en herbe et adaptée aux enfants dyslexiques dans le cadre d’un usage littéraire.
Parfois, les polices les plus simples et les plus courantes peuvent se révéler très adaptées : Helvetica, Courier ou Arial et Verdana, citées précédemment.
Que pensent les professionnels de la santé et de l’éducation du lien entre polices d’écriture et dyslexie ?
Si la police de caractères peut aider un enfant dyslexique à lire et déchiffrer un texte, il n’existe pas de recommandations avérées par des experts, seulement des suggestions. En effet, certains partent du principe que le choix de la police dépend de chaque enfant et de ses besoins spécifiques : « il n’y a donc pas de potion magique. Il est préférable et bénéfique de chercher avec le dyslexique lui-même le subtil mélange qui lui convient et le met à l’aise dans la réalisation de sa tâche », conseille Elisabeth Weber-Pillonel, présidente de l’association Dyslexie Suisse Romande.
D’autres estiment que la police peut faire la différence. C’est le cas d’Elvio Fisler, un enseignant spécialisé passionné d’informatique, qui a remarqué que ses élèves n’arrivaient pas à déchiffrer les questions d’un jeu qu’il venait d’installer sur l’ordinateur de la classe : « la police de caractères était inadaptée pour ceux qui avaient des difficultés à lire. J’ai donc trouvé une combine pour entrer dans le logiciel et la modifier. Cela a fonctionné. Des proches et des enseignants m’ont ensuite demandé de les aider, quelque chose avait démarré ».
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Zoom sur les polices d’écriture conçues pour les dyslexiques : OpenDyslexic et Dyslexie©
Deux polices développées par des graphistes ont fait leur apparition en 2011, l’une payante, l’autre gratuite : Dyslexie© et OpenDyslexic. Elles fonctionnent sur la suppression des empattements, l’aération et l’espacement des caractères pour éviter la confusion, et sur une mise en gras dans le bas des lettres pour les ancrer dans le texte.
Alberto Gonzalez, créateur de la police OpenDyslexic, explique : « à l’époque, la plupart des polices de caractères étaient réservées aux éditeurs. Je voulais faire quelque chose que ma femme et moi puissions utiliser, et qui puisse éventuellement être partagé avec d’autres ». Encouragé, il a choisi de diffuser sa typographie librement « pour vérifier si et comment une telle police fonctionnait par la collecte d’un grand nombre des données empiriques », mais aussi « pour permettre à des études d’être conduites à son sujet sans barrière de coût ». Chaque lettre de la police OpenDyslexic se différencie des autres pour éviter la confusion, notamment par un épaississement particulier du tracé à l’endroit et à l’envers des lettres.
La taille de la police d’écriture, un autre critère essentiel pour les personnes dyslexiques
Au-delà du choix de la police, la taille a également toute son importance. On entend par là, la taille des caractères, mais aussi la longueur des lignes et l’alignement du texte. Les personnes dyslexiques, et notamment les enfants en plein apprentissage de la lecture, sont sensibles à toute la mise en page. Elle aide considérablement les enfants et rend les textes plus accessibles. Les enfants ont tendance à préférer les textes clairs et espacés, aux caractères noirs ou foncés.
Quelles polices puis-je trouver sur Storyplay’r ?
Storyplay’r s’adresse à tous et s’adapte à chacun. Dans cette optique, nous avons choisi de mettre à disposition cinq polices de caractères : Times, Helvetica en minuscule et en capitale, et deux polices adaptées aux enfants dyslexiques ou en difficulté de déchiffrage, Courier et OpenDyslexic. Ces polices sont présentes sur tous les livres de la plateforme, sans exception. Ainsi, chaque enfant peut choisir la police qui lui convient pour lire aisément et entrer avec plus de facilité dans l’histoire.
Concrètement, comment ça marche ? Pour afficher les différentes polices de caractères présentes sur Storyplay’r, il faut d’abord afficher le texte. Voici les étapes à suivre en détail :
- ouvrir un livre ;
- cliquer sur l’onglet « Texte » en vert, situé en haut à droite de l’écran : le texte de l’histoire apparaît ainsi à côté de chaque page du livre ;
- changer ensuite la police, en cliquant sur le cinquième onglet « A » en bas, à droite. Chaque fois que vous cliquez dessus, une police différente s’affiche. Faites défiler les cinq polices et choisissez celle qui convient le mieux à votre enfant.
Si vous souhaitez également changer la taille de la police, il suffit de cliquer sur le deuxième onglet « T » et de faire défiler les différentes tailles.
Bonnes lectures sur Storyplay’r !
Sources
https://blog.lexidys.com/2020/07/29/quelle-police-pour-dyslexiques/
https://www.letemps.ch/societe/typographie-secours-dyslexiques