Extrait du livre Curieuse, Bavarde et Coquette
Il était une fois un roi qui avait trois filles, trois princesses douces et gracieuses. Mais ce grand roi n’était pas satisfait. Il aurait voulu des fils et se désespérait. Lorsqu’il serait vieux, qui l’assisterait pour gouverner le royaume ? Qui l’aiderait à défendre le pays des appétits de son voisin, le terrible duc d’Armor ? Avoir des filles est une calamité !... Il ne voyait en elles que des défauts.
L’aînée, qui s’enquérait toujours des soucis du royaume, il l’avait baptisée Curieuse. Il ne supportait pas qu’elle se faufile sans cesse dans les couloirs, qu’elle laisse toujours traîner une oreille lors des Conseils. Ce n’était pas là la place d’une fille. Qu’elle aille plutôt broder des perles ou tirer l’aiguille ! - Veux-tu bien finir de traîner dans nos pattes ! lui disait-il lorsqu’il la surprenait. File d’ici, grande curieuse !
La seconde, elle, avait, selon lui, la manie de parler sans arrêt et de poser des questions idiotes. Il fait beau aujourd’hui... Hier, j’ai vu un bel arc-en-ciel... Je me demande bien à quoi servent les couronnes sur la tête des rois ? Blablabla… Blablabla. Pire, elle donnait aussi les réponses : - Les épines des couronnes empêchent sans doute le ciel de leur tomber sur la tête. Ou bien peut-être servent-elles à piquer les fesses des sujets lorsque le roi s’énerve... Le roi effectivement s’énervait. Il ne supportait pas ses blablablas et l’avait baptisée Bavarde.
Quant à la cadette, elle avait sans doute compris qu’il valait mieux ne pas traîner dans les pattes de leur père. Aussi passait-elle le plus clair de son temps dans sa chambre. Elle aimait se regarder longtemps dans les glaces, essayer de nouvelles robes et faire venir de très loin de nouveaux tubes de rouge à lèvres “spécial princesse”. Le roi s’en arrachait les cheveux. Quel plaisir peut-on ainsi trouver à passer son temps en toilettes ? Et vas-y que je me poudre, que je me maquille, que je me pomponne ! C’était exaspérant à la fin ! Il l’avait baptisée Coquette.