Extrait du livre La dernière mode
La dernière mode de Catibou et Cécile Rousse aux éditions Chemins de traverse
Martin le colporteur était un fieffé coquin. Il aurait vendu n'importe quoi à n'importe qui pour gagner de l'argent. Pour l'heure, il avait reçu une cargaison de chaussettes dont il ne savait plus que faire. Il en avait fourni à toutes les personnes qu'il connaissait. Mais une fois qu'on a assez de chaussettes pour l'hiver, à quoi bon en acheter d'autres ?
Une nuit, il fut réveillé par une idée géniale ! Enfin, qu'il trouvait géniale... Et s'il en vendait aux animaux ? « Je pourrais être très riche » se dit-il en se frottant les mains. Au petit matin, il prépara à la hâte ses affaires, partit sur les chemins et arriva à la ferme de bonne heure.
Le premier animal qu'il rencontra était Marie l'oie : - Bonjour Marie, laisse-moi te faire découvrir quelque chose qui te rendra encore plus belle que tu ne l'es ! Il savait y faire, le gredin ! L'oie, prétentieuse, aimait qu'on la flatte... - Ah oui ? Montre-moi ça... - Regarde un peu ces chaussettes magnifiques ! Marie fut bien un peu étonnée : - Des chaussettes ? Et pour quoi faire ? - Mais pour être élégant, il faut porter des chaussettes, voyons ! Et ce disant, Martin souleva les jambes de son pantalon. - Tu crois ? - Bien sûr, et tu serais à la dernière mode !
Marie choisit une paire assortie à son bec orange, l'enfila et alla aussitôt montrer ce superbe achat à ses amies. Elle se sentait fière et se dandinait un peu. « Et de une ! » se dit le colporteur avant de continuer sa route. « Voilà une bonne affaire de faite ! »
Le deuxième animal que Martin rencontra était Basile le cheval. - Salut Basile, tu n'es pas au courant ? - Non, hennit l'animal, que se passe-t-il ? - Cette année, tout le monde porte des chaussettes ! - Des chaussettes ? Et pour quoi faire ? - N'as-tu pas mal aux sabots à force de galoper ? - Oh si ! Souvent et parfois même je boite ! - Et bien, porter des chaussettes protègerait tes sabots délicats. - Je n'y avais pas pensé... - En plus, tu serais à la dernière mode ! Encore une fois, le colporteur fit admirer ses mollets.