
Étymologiquement le mot « conte » vient du verbe « conter » qui signifie « faire un récit ». Traditionnellement, un conte est un récit oral, une histoire pour les petits que l’on raconte à voix haute et qui se transmet de génération en génération. On le retrouve de tous temps et sur tous les continents. Le conte fait partie du folklore collectif et un même récit peut avoir plusieurs versions selon comment, où et quand il a été raconté. Il explore des thèmes variés, le merveilleux, les histoires de Noël, les monstres, les dragons…
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Les contes, des histoires pour enfants ?
Au fil du temps les contes racontés à voix haute ont été retranscrits à l’écrit par des écrivains tels que Charles Perrault (1628-1703), Les frères Grimm (1785- 1863 et 1786 -1859) ou encore Andersen (1805-1875). Le conte devient alors un genre littéraire à part entière. Ce qui finalement différencie le conte du roman tient dans la forme et la fonction du récit. Un roman, en plus de devoir faire une certaine longueur pour être catégorisé comme tel, doit s’inscrire dans une certaine réalité. Le roman doit être plausible alors que le conte peut être fantastique ou inexpliqué.
Ainsi, le conte a une dimension merveilleuse qui nous le fait souvent ranger dans la catégorie pour enfants. Il invite au voyage et à l’imaginaire, ce qui peut faire parfois défaut à l’adulte. Le conte s’adresse pourtant à tous les âges ! Aujourd’hui, il s’écrit davantage sous forme de romans fantastiques, destinés aux plus âgés.
Penser que les contes de fées sont des histoires sottes destinées à endormir les enfants est une grave erreur ! Si tant d’auteurs tels que les frères Grimm ou Charles Perrault s’y sont penchés, cela révèle qu’il ne s’agit pas de simples histoires anodines. Plusieurs études révèlent l’importance qu’ont les contes de fées – et les histoires du soir en général – sur le développement des enfants. En effet, ceux-ci véhiculent des valeurs fondamentales comme la tolérance, l’entraide et la compassion. Un des auteurs les plus connus à avoir écrit sur le sujet est Bruno Bettelheim. Il s’est intéressé de très près à la psychanalyse des contes de fées.
Psychanalyse des contes de fées
Bruno Bettelheim a toujours essayé de comprendre l’origine des angoisses chez les enfants. Il écrit son ouvrage Psychanalyse des contes de fées en 1976, dans lequel il s’intéresse de près à plusieurs contes de fées devenus intemporels et pleinement intégrés à la littérature de jeunesse. D’une manière générale, les contes aident l’enfant à cerner ses émotions en éveillant sa curiosité et son imagination.
Prenons un exemple fréquent : on constate souvent chez l’enfant une période pendant laquelle il est obsédé par une histoire, et la demande constamment. Parents, n’ayez pas peur, il n’y a rien de grave ! Cette obsession pour un conte dure jusqu’à ce que l’enfant trouve la solution à son problème intérieur – souvent une peur ou une phobie. S’il réclame sans cesse cette histoire, c’est parce qu’elle le réconforte. Elle lui apporte des réponses et la fin – toujours identique – le rassure.
Citations issues de Psychanalyse des contes de fées de B. Bettelheim, traduit de l’américain par T. Carlier
« Les contes de fées ont pour caractéristiques de poser des problèmes existentiels en termes brefs et précis. L’enfant peut ainsi affronter ces problèmes dans leur forme essentielle, alors qu’une intrigue plus élaborée lui compliquerait les choses. Le conte de fées simplifie toutes les situations. Ses personnages sont nettement dessinés ; et les détails, à moins qu’ils ne soient importants sont laissés de côté. Tous les personnages correspondent à un type ; ils n’ont rien d’unique. »
« Le bon conte de fées a plusieurs niveaux de signification. Seul l’enfant peut découvrir la signification qui peut lui apporter quelque chose sur le moment. Plus tard, en grandissant, il découvre d’autres aspects des contes qu’il connaît bien et en tire la conviction que sa faculté de comprendre a mûri, puisque les mêmes contes prennent plus de sens pour lui. Cela ne peut se produire que si on n’a pas dit à l’enfant, de façon didactique, ce que l’histoire est censée signifier. En découvrant lui-même le sens caché des contes, l’enfant crée quelque chose, au lieu de subir une influence. »
Comment comprendre les contes de fées ?
Le récit du conte de fées est volontairement simplifié afin d’offrir une compréhension sans ambiguïté de l’histoire. En ce sens, les contes ne foisonnent pas de personnages inutiles et ne mettent donc que les protagonistes en lumière. L’enfant doit immédiatement pouvoir identifier le gentil du méchant, l’important de l’inutile.
En outre, on retrouve souvent le même fondement d’intrigue dans les contes. Les problèmes que rencontre le héros découlent souvent de l’ambivalence entre le principe de plaisir et le principe de réalité. C’est-à-dire que notre personnage va avoir le choix entre le travail et le jeu. D’un côté, le principe de plaisir ne tient pas compte des potentielles conséquences néfastes et privilégie le plaisir immédiat. De l’autre, le principe de réalité privilégie la réflexion à long terme et la conscience des conséquences. En résumé, le conte accompagne peu à peu l’enfant dans son apprentissage de la liberté. Il l’aide à le responsabiliser.
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Les différents types de contes
Les contes peuvent présenter différentes issues aux personnages selon l’histoire. Le héros peut sortir vainqueur des différentes épreuves qui ont entravé sa route. Il s’agit alors de contes merveilleux qui finissent toujours bien. Cette fin heureuse offre un message réconfortant pour l’enfant comme dans Hansel et Gretel.
Si au contraire l’histoire se termine mal, il s’agit d’un conte d’avertissement (comme Le Petit Chaperon rouge dans sa version originale). La fin tragique permet de valider l’avertissement comme étant un conseil fondé et sensé.
Aujourd’hui, un nouveau genre de contes s’est ajouté : les contes à rire. On appelle conte à rire une histoire merveilleuse racontée avec au second degré avec beaucoup d’humour. Dans ce registre, on peut par exemple classer des histoires comme Shrek ou encore Kung Fu Panda. Il s’agit de récits qui sont très proches des valeurs du conte classique, mais sont rendus plus modernes grâce à l’omniprésence de l’humour.
Finalement, il n’y a pas besoin d’expliquer un conte. Chacun peut y voir des sens différents à l’infini, sans épuiser ses stocks imaginatifs… On peut d’ailleurs trouver de nouvelles significations pour un même conte, selon l’âge auquel on le lit. Que ce soit pour les adultes comme pour les enfants, le conte s’interprète selon les besoins momentanés du lecteur…
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Comment écrire un conte ?
Le conte comporte peu de personnages qui se distinguent par leur caractère unique. Chacun d’entre eux va représenter une valeur ou un trait de caractère particulier, qui enrichira l’histoire à un moment. D’ailleurs, ils n’ont généralement pas de prénom, mais plutôt un surnom, le cas en est pour Le Petit Chaperon Rouge par exemple.
Au-delà de l’apparente liberté qu’il nous évoque, le conte est fondamentalement éducatif et doit en conséquence être un récit structuré en étapes définies. Si on le dissèque, on retrouve les phases suivantes :
- Situation initiale où l’on découvre les différents personnages
- Élément perturbateur – départ du héros pour accomplir son destin
- Apparition du ou des adjuvant(s) qui vont aider le héros
- Péripéties et combats initiatiques – découverte du potentiel héroïque du protagoniste
- Élément de résolution – victoire du héros
- Fin heureuse et retour triomphal.
La dimension morale du conte
Comme tout récit pédagogique, le conte a une morale cachée. À travers les aventures et mésaventures des personnages comme Boucles d’or ou Jack dans Jack et le haricot magique, le lecteur va adhérer au message et aux valeurs portées par le récit. Cependant, au contraire de la fable, le message est caché et non explicitement révélé à la fin de l’histoire.
Typiquement, le conte oppose le Bien et le Mal de façon manichéenne, et la victoire des forces du Bien montre la voie à suivre. Les bonnes valeurs triomphent toujours, tandis que les méchants sont vaincus et finissent malheureux. Que l’univers soit enchanteur ou effrayant, les standards restent les mêmes.
Il était une fois…
Le récit reste avant tout initiatique et le lecteur va suivre, tout au long du parcours, l’évolution du héros. Il va le voir grandir, prendre conscience du monde qui l’entoure et faire des choix. Par effet de transfert, il doit en être de même pour le lecteur qui va pouvoir se servir de ces récits pour construire ses actions dans le monde réel.
L’enfant, qui lit ou à qui on raconte un conte, se retrouve plongé dans un univers qui, malgré l’aspect merveilleux, lui semblera familier. C’est grâce au phénomène de transposition que la morale pourra être comprise. Le conte va donc servir de repère à l’enfant.
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