
Dès le XVIIe siècle, le loup devient un personnage central des récits merveilleux destinés aux enfants. Les contes en font un animal cruel et vorace qui cherche à dévorer tout ce qui passe à proximité. Jadis, le loup était présent dans la vie quotidienne des hommes, du fait de sa présence dans les campagnes. Maintenant, cet animal nous paraît beaucoup moins effrayant car il est plus connu et vit majoritairement en captivité. Pourtant, les histoires de loup restent des classiques (les plus connues étant l’histoire du Petit Chaperon rouge et celle des Trois petits cochons) et il est courant de retrouver le personnage du grand méchant loup dans les histoires que nous racontons à nos enfants. Mais quelle est sa place dans nos contes modernes ?
Il était une fois… le loup !
Tous les enfants vous le diront, dans un conte digne de ce nom, il y a forcément un méchant ! Le méchant, c’est celui qui nous fait peur et qui embête le gentil héros. On peut considérer que la première histoire à rendre le loup célèbre est écrite en 1661 par Jean de La Fontaine, dans ses célèbres fables. Dans Le Loup et l’Agneau, nous retrouvons notre loup, cruel et impitoyable (et de manière générale, toujours affamé). Le félon, pour se justifier de le manger, accuse l’agneau de le persécuter et réclame le prix du sang en réparation. Le loup devient donc l’animal dont il faut par dessus tout se méfier, que l’on soit coupable ou innocent. Dès lors et jusqu’au XIXe siècle, le loup entre dans l’imaginaire collectif en tant que prédateur par excellence, dévorant enfants et adultes sans pitié.
Le mythe du loup dévoreur perdure aujourd’hui encore mais il n’est plus seul. Avec le XXe siècle, l’image de notre animal à fourrure a progressivement changé. Deux types de récits se sont distingués. Le premier est le conte merveilleux traditionnel où le loup est effrayant (ex : Le petit Chaperon rouge). Le second regroupe différents types de récits, qu’il s’agisse d’un livre documentaire sur la vie de l’animal ou d’une fiction animalière. Dans ces derniers, le loup est souvent plus doux et donc moins effrayant. Il peut désormais changer sa nature et avoir un cœur tendre. Dans Jeannot-loup et le cruel Albert, les loups peuvent être végétariens et faire la sieste sur des oreillers moelleux ! Ou encore, dans Tous sauf un, notre sanguinaire chasseur peut se laisser attendrir par une petite fleur…
Ainsi, nous connaissons aujourd’hui une profusion d’albums où les loups apparaissent comme des compagnons sympathiques dont les enfants n’ont pas ou plus à avoir peur. La morsure du loup n’est plus une fatalité : on peut lui échapper !
Le grand gentil loup ?
Le personnage du loup est à présent utilisé pour montrer une évolution. Un personnage qui est méchant au début de l’histoire va évoluer et devenir amical à la fin du livre. Là où le loup était autrefois une fatalité et le présage d’un destin tragique, rien n’est moins certain aujourd’hui ! Eh oui, un enfant seul en forêt ne se fera pas toujours croqué ! Dans ces exemples, le loup est toujours synonyme de danger mais n’est plus nécessairement effrayant ou mortel.
Exemples d'histoires : Croque-moi si tu peux, Qui a peur du loup ?
Et comble du malheur, notre effrayant compagnon est parfois même mis au placard ! Dans l’esprit d’un enfant, les histoires de loups sont des métaphores pour inciter à la prudence. Celui qui désobéit ou ne fait pas attention est dévoré. Plus tard, ce même enfant va grandir et alors le loup deviendra le personnage d’histoires destinées à lui faire peur. Celui des contes pour enfants en somme. On finira par lui dire que les loups qui mangent les petits enfants n’existent que dans les livres et qu’il ne faut plus avoir peur (À l’heure du loup).

Lire en ligne : Le loup à crinière, éditions Rêves bleus
Le loup : un animal sympathique
Vous l’aurez compris, la réputation de notre cher ami n’est ni toute blanche ni toute noire. Bien au contraire, il peut être présenté tantôt comme un monstre terrifiant, tantôt comme un gentil animal méconnu. Le loup est aujourd’hui un personnage comme un autre des romans animaliers pour enfants. Il peut donc apparaître dans une histoire sans en être le héros principal, et peut même être la victime ! Dans Le festin des gloutons, le loup n’est qu’un personnage annexe tandis que dans Le roman de Renart, il est victime de son neveu !
Exemples d'histoires : Le loup Gary, Le loup beauté
Notre loup sort de sa solitude ! Il devient l’ami, l’oncle, le frère ou le père de famille inquiet qui se soucie de l’avenir de sa famille. On le voit sortir de sa forêt pour intégrer la ville ou la vie mondaine. On le voit appartenir à une meute, se sociabiliser avec d’autres animaux. En bref, notre loup est aujourd’hui un animal plus ambigüe, partagé entre sa nature profondément sauvage et une vie plus apaisée dans ses relations aux autres animaux.
Loup, qui es-tu ?
Quoi qu’on en dise, le loup reste dans l’imaginaire collectif, l’animal impulsif et dangereux par excellence. Même s’il est finalement gentil, cette transformation n’est pas « normale ». En effet, ce caractère docile peut être causé par plusieurs choses. Premièrement, ce peut être le fruit d’un rejet de la cruauté excessive de sa famille de loups. Ensuite ce peut être un événement, raconté au cours de l’histoire souvent, qui transforme notre loup en agneau. Et finalement, si notre grand méchant loup est en réalité naturellement gentil, ce sont les autres personnages qui vont le croire méchant et seront étonnés de sa gentillesse.
Pour aller plus loin :
Le grand méchant loup existe-t-il expliqué en vidéo
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