Extrait du livre Alex et les Monstres - L'arrivée de M.Flat
Alex et les monstres - L'arrivée de M. Flat De Jaume Copons et Liliana Fortuny Chez Crackboom! Livres
Alex et les monstres - L'arrivée de M. Flat
1. Quelle journée !
– Ou tu ranges ta chambre, ou je jette tout ce qui traîne ! me crie ma mère. Cela fait à peine cinq minutes que je suis levé et voilà que ma mère entonne déjà sa fameuse chanson « Range ta chambre ». Je l’entends de la cuisine pendant que je déjeune. Je souris parce que j’ai trouvé la meilleure chose à lui dire. – Maman, si tu veux, je la range tout de suite ! Elle ne dit rien, bien sûr ! Nous savons tous les deux qu’il est l’heure d’aller à l’école. – Je vais la ranger à mon retour, dis-je pendant qu’elle ronchonne. « Ranger ma chambre ? Moi ? Elle est déjà en ordre ! » « Range ta chambre, range ta chambre, fais-le pour moi, fais-le pour toi, fais-le par gentillesse, mais fais-moi la faveur de ranger ta chambre. » À vrai dire, l’obsession qu’a ma mère de me faire ranger ma chambre n’a aucun sens. Dans les faits, ma chambre n’est pas autant en désordre qu’elle le dit. En tout cas, c’est mon impression. FEUILLES UN MORCEAU DE PAIN D’IL Y A DEUX JOURS LIVRE DE MATHÉMATIQUES BANDES DESSINÉES MIETTES DEUX VERRES D’EAU CHAUSSETTES SALES CHAUSSURES MANUEL SCOLAIRE VÊTEMENT DE SPORT POUR L’ÉCOLE
La journée a commencé sous les cris et ça ne s’améliore pas. À peine cinq minutes après mon arrivée à l’école, je me rends compte que tous mes camarades de classe ont apporté un cartable bleu. « C’est quoi tous ces cartables bleus, Lidia ? » « Ah, Alex ! Parfois on dirait que tu tombes de la Lune ! » « Ça va, d’accord, mais tu m’expliques, oui ou non ? » Enfin, Lidia m’explique que la maîtresse nous a demandé d’apporter toutes nos productions écrites de l’étape. Mais… quand a-t-elle dit cela ? Et comment se fait-il que je n’en sais rien ? C’est le genre de truc qui m’arrive tout le temps. Et Lidia, qui est toujours à son affaire, semble prendre plaisir à me voir pris au dépourvu. « Tu ne l’as pas noté dans ton agenda? » « C’est que… je l’ai perdu au début de l’année. » « Mais Alex, c’était annoncé sur le calendrier de la classe! » APPORTER PRODUCTIONS ÉCRITES « COMMENT EST-CE QUE JE POUVAIS SAVOIR QUE NOUS AVION UN CALENDRIER!? »
Je dois dire que le pire chez Lidia, ce n’est pas qu’elle soit une personne qui se réjouit des malheurs des autres, en particulier des miens. Le pire de tout, c’est que nous sommes voisins. Nous vivons non seulement dans le même édifice, mais aussi au même étage ! Ça, c’est terrible, parce que chaque fois que Lidia croise ma mère, elle lui raconte TOUT. Tout ce que j’aurais dû faire et que je n’ai pas fait… et tout ce que j’aurais dû ne pas faire et que j’ai fait. « Hier, Alex a oublié ses vêtements d’éducation physique. » « Ah bon… » « Lidia, tu n’avais pas des trucs à faire ? » Quelle journée ! D’abord, ma mère et sa petite chanson sur le ménage de ma chambre, ensuite les productions écrites et Lidia. Mais ce n’est pas fini ! Deux minutes plus tard, Emma, la bibliothécaire de l’école, arrive dans notre classe. Puis, avant même qu’elle n’ouvre la bouche, je sais qu’elle veut me parler. La veille, j’ai joué à cache-cache pendant la récréation. Et je me suis caché dans la bibliothèque. Quand mes amis sont entrés pour me chercher, je me suis sauvé avant qu’ils ne me voient. Et sans le vouloir, j’ai fait tomber des livres par terre. Je me suis dit que je reviendrais les ranger plus tard, mais j’ai oublié.
Comme je le craignais, je dois accompagner Emma à la bibliothèque. Ça m’étonne de voir que les livres ont déjà été rangés. Je pensais qu’elle me forcerait à le faire moi-même, mais son esprit pervers a prévu une punition bien pire que cela. « Les livres sont déjà à leur place. Je peux partir ? » « Je les ai rangés moi-même. Pendant ce temps, je n’ai pas pu faire ce que j’avais à faire. Tu vois où je veux en venir ? » « Euh… non ! » « Hier, je devais mettre de l’ordre et nettoyer l’entrepôt de la bibliothèque, mais je n’ai pas pu. Et tu sais qui va m’aider ? Allez devine ! » « Non ! … Oui ! … Moi ? » « Préfèrerais-tu que je t’arrache les oreilles et que je les fasse frire avant de les manger, Alex ? C’est ce que je ferai si jamais tu laisses encore traîner des livres par terre ! » « Vu comme ça, je préfère remplir des boîtes ! » Ma corvée consiste à mettre plein de livres dans des boîtes de carton. Ensuite, je dois empiler ces boîtes près de la porte. Je trouve cela vraiment injuste !
Je travaille un bon moment dans l’entrepôt. Sais-tu à quel point ça peut être lourd, une boîte pleine de livres ?! Et il n’y en a pas qu’une seule, non. Il y en a deux, trois, quatre, cinq… Et rendu à la sixième, j’aperçois une créature en peluche orange de taille moyenne. Même si elle est couverte de poussière, je la trouve rigolote. Elle a une grande bouche et de grands yeux. Si elle était à quatre pattes, elle ressemblerait à un chat ou à un chien. Mais de la façon dont elle est placée, elle ressemble plutôt à un drôle de petit yéti ou… ou à un monstre. Quand j’ai fini d’empiler les boîtes, j’appelle Emma, qui, il faut le dire, est très contente de mon travail. Je lui demande à qui appartient cette créature en peluche. « Elle mourait déjà d’ennui ici quand j’ai été embauchée à la bibliothèque. Tu veux la garder ? » « Pourquoi voudrais-je une peluche de tout-petit, moi ? Qu’est-ce que j’en ferais, de ce ramasse-poussière ? Mais bon, plutôt que de l’abandonner ici… (… Bien sûr que je la veux !) Merci, Emma.»
Cinq minutes plus tard, je suis de retour dans ma classe, mais je dois attendre que les autres reviennent de la récréation. J’en profite pour enfouir la créature dans mon sac. Je ne veux surtout pas que les autres rient de moi et me demandent ce que je fais avec une telle peluche orange. Je suis content parce qu’on est vendredi et que j’aurai la paix pendant deux jours. Je pensais que mes soucis étaient derrière moi, mais je me trompais. Juste avant de partir, alors que j’étais sur le pas de la porte, la maîtresse m’arrête. « Alex, m’as-tu remis ton cartable de productions écrites ? » « Non. Je l’ai oublié chez moi. » « Mais où as-tu la tête ? » « Chez moi ! »
« Alex, je veux que tu m’apportes ton cartable dimanche, juste avant le début de la fête de l’école. » « Une fête ? Quelle fête ? » J’avais oublié ! Cette fin de semaine, l’école fête son 25e anniversaire. Une fête est prévue dimanche avec tous les élèves. Je n’ai pas d’autre choix que d’aller à la maison et d’écrire sans relâche, jusqu’à l’heure de la fête, dimanche. Ouf, quelle journée ! 2. Quelle soirée !