Extrait du livre Alice et le séquoia géant
Alice et le séquoia géant de Sébastien Gayet et Joséphine Forme aux éditions du Pourquoi pas
Alice et le séquoia géant
« C’est en Ardèche, assis au pied d’un des séquoias géants du Château de Soubeyran que cette histoire a commencé. Un séquoia majestueux. Aux branches incroyables. Qui forment la plus belle des échelles et invitent à grimper au sommet de l’arbre. Le géant végétal doit mesurer une soixantaine de mètres, quatre-vingts peut-être. Quel âge peut-il avoir ? Plusieurs centaines d’années, c’est sûr. Certains séquoias aux États-Unis auraient plus de 2 000 ans ! »
Chapitre 1 Le château Alice. ALIIIIICEEEEE ! — Mais où est-elle encore passée ? Le séjour vient à peine de débuter et cette petite me rend déjà dingue !!! Morgane la directrice du centre de vacances du Château de Soubeyran a sa chevelure rousse en bataille des mauvais jours. Elle a bien du mal
à cacher son agacement. Mais derrière sa colère, c’est surtout de l’inquiétude qui prédomine. Tous les petits de la colonie qu’elle dirige depuis vingt ans, elle les aime comme ses propres enfants. Balthazar, le papa de la fillette fugueuse, l'avait pourtant prévenue. — Vous savez, ma fille est très sensible et a parfois des réactions imprévisibles ! Elle déteste les colos. Et depuis toute petite, c’est toujours pareil. Elle n’arrive pas à se faire des amis parmi les autres enfants. Ce n’est pas qu’ils ne sont pas sympas, mais Alice préfère rester seule. Balthazar explique à la directrice qu’il ne peut pas faire autrement. — J'élève ma fille seul depuis trois ans. Ma femme Soasique est décédée d’une grave maladie ! Je fais ce que je peux. Je n’ai aucune famille pour m’aider et c’est vraiment dur par moments ! Chaque été, en juillet, je travaille et je n’ai pas d’autres solutions que de mettre Alice en colonie. Malgré la mobilisation de toute l’équipe d’animation et de tous les enfants du centre, Alice reste introuvable. Au bout d’une heure, la fillette réapparaît. Comme si de rien n’était. — Où étais-tu Alice ? Morgane veut comprendre. — Tu ne peux pas disparaître comme ça. Cette partie de cache-cache ne nous amuse pas du tout ! La petite fille regarde ses pieds et ne dit rien. La voix de la directrice s’adoucit : — Que se passe-t-il Alice ? Tu n’es pas bien avec nous ? Veux-tu bien m’expliquer ?
Il n’y a rien à expliquer. Alice sait que ce soir, pour sa première nuit, elle aura beaucoup de mal à s’endormir. Une boule va s’inviter dans son ventre. Et quand la nuit sera vraiment noire, la vilaine boule va grossir, grossir, grossir... Juste sous son nombril. C’est comme ça depuis que sa maman est partie. La petite fille sent pourtant au Château de Soubeyran quelque chose de différent des autres colonies. Comme une présence rassurante. Indescriptible. Réconfortante... Son papa a choisi cette colonie en Ardèche grâce à une amie de son travail. — Tu verras : Alice sera bien à Soubeyran. C’est au cœur de la forêt avec des arbres magnifiques, idéal pour faire des cabanes. Certains sont extraordinaires. Ils ont plusieurs centaines d’années et mesurent près de quatre-vingts mètres. Ce sont, je crois... des séquoias géants.