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Mademoiselle Vole

Mademoiselle Vole

9-12 ans - 30 pages, 2328 mots | 19 minutes de lecture | © Éditions du Pourquoi pas, 2022, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Mademoiselle Vole

9-12 ans - 19 minutes

Mademoiselle Vole

Hana est réfugiée en France, car dans son pays, il y a la guerre. La nuit, elle dort, avec sa maman, dans un musée, tout près de « Mademoiselle Vole ». Mais ça, il ne faut pas le dire, c'est un secret. Jusqu'au jour où...

"Mademoiselle Vole" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Mademoiselle Vole

Mademoiselle Vole De Laurence Gillot et Emma Morison Aux éditions du Pourquoi Pas


Mademoiselle Vole
Chapitre 1 L'invitation — C’est une invitation pour mon anniversaire ! annonce Manon en tendant une enveloppe colorée à son amie. Hana n’est pas sûre d’avoir tout compris. Elle ne parle pas encore très bien français. — C’est 7 ans à toi ? questionne-t-elle. — Oui, confirme Manon. Tu viendras ?
Hana fait oui de la tête en souriant. C’est la première fois qu’elle est conviée à une fête depuis qu’elle est arrivée en France et cela la remplit de joie. Quand elle retrouve sa mère à la sortie de l’école, Hana décide de ne pas lui annoncer la nouvelle tout de suite. Non, elle lui dira ce soir, pendant le repas. Elle sera plus détendue quand elles seront chez elles et elle acceptera plus facilement... — Il pleut, on va à la gare. dit sa maman. Hana préférerait attendre dans le salon de thé tout bleu, devant un chocolat chaud et un gâteau à plusieurs étages. Une fois, elle y a aperçu Manon à travers la vitrine. Elle était attablée devant une pâtisserie géante. Mais elle sait bien que sa mère n’a pas d’argent. Pas d’argent, pas de maison, pas de travail. Rien. Dans le hall des arrivées, elles s’installent sur un banc, un peu à l’écart. Sa mère s’attelle aussitôt à son ouvrage de broderie. Piquer l’aiguille, tirer le fil, piquer encore... — Tu fais quoi ? lui demande Hana. — Une jupe pour toi. Hana aimait bien ses vêtements brodés quand elle était là-bas dans son pays. Mais maintenant, elle préférerait avoir des habits comme ceux de ses camarades d’école, comme ceux qu’on porte ici. ‬ — Fais tes devoirs, ma chérie, pendant qu'il y a de la lumière ! dit sa maman.
Hana regarde les voyageurs défiler devant elle. Leurs valises parfois frôlent ses jambes. — Allez ! Ouvre ton cartable ! entend-elle encore. Hana pose son cahier sur ses genoux. Ce n’est pas facile d’écrire : les pages sont mouvantes, elles penchent, s’enfoncent. Son crayon dérape sans cesse. Sans compter le froid qui engourdit un peu ses doigts et l’empêche de bien tracer les lettres. Mal faire lui donne envie de pleurer. Hana et sa maman restent là, toutes les deux, jusqu’à ce qu’il soit l’heure, l’heure d’y aller...
Chapitre 2 Chez elles Elles attendent maintenant sous un porche. — Un, deux, trois... compte tout bas sa maman. Puis quand elle serre la main d’Hana, c’est le signal ! C’est le moment de courir et de se faufiler sans bruit. BAM ! BAM ! BAM ! Le cœur d’Hana tambourine fort.
Et si elle trébuchait ? Pendant que le concierge emporte les poubelles au bout de l’allée, elles pénètrent, sans se faire voir, dans le local à ordures d’un très beau bâtiment. Elles se cachent dans un recoin sombre et sale. BAM ! BAM ! BAM ! Et s’il y avait un rat ? Quand l’homme revient, il accroche comme d’habitude ses gants de travail au mur. BAM ! BAM ! BAM ! Et s’il les surprenait ? Il ferme la porte à clé et s’en va. OUF ! Cette fois encore, tout s’est bien passé. Hana n’aime pas être là : ça sent mauvais et la pénombre est inquiétante. Quand tout est vraiment silencieux, la mère d’Hana dévisse la grille de la bouche d’aération et l’une derrière l’autre, elles s’engouffrent à quatre pattes dans le conduit. Les oreilles d’Hana bourdonnent. C’est la peur de nouveau qui l’étreint. Ses yeux sont impuissants face à l’obscurité. La galerie est longue. Maman pousse leur sac et Hana s’occupe de son cartable. Elle tremble dès qu’elle sent sur sa peau des toiles d’araignée. Enfin, elle distingue une lueur là-bas. Elles sont bientôt arrivées au bout du tunnel. Mais que se passerait-il si sa maman n’arrivait pas ouvrir l’autre grille ou si quelqu’un les attendait de l’autre côté ? OUF ! Cette fois encore, tout s’est bien passé.
Personne ne le sait, c’est un secret : elles habitent ici, uniquement le soir et la nuit. Et Hana aime être là : ça sent la cire et la pénombre est enchantée. Ce musée, avec ses centaines de tableaux, de sculptures, de vitrines, Hana l’adore. Ce musée, c’est chez elle.