Extrait du livre Angèle et le Cerisier
Angèle et le cerisier de Raphaële Frier et Teresa Lima L'atelier du poisson soluble
Angèle et le cerisier
Angèle s'est encore levée avant le jour. C'est l'heure calme, celle qui sent l'herbe fraîche quand on ouvre la fenêtre, l'heure où les gouttes d'eau fleurissent sur les tiges du jardin. Angèle remplit son bol de lait. Elle y ajoute une larme de café qui s'en va dessiner des lignes brunes à la surface. Puis les lignes s'effacent et le blanc se fonce.
Le coq a réveillé les chiens du voisin et le jour s'est levé. Peut-être qu'elle viendra aujourd'hui, ce serait bien. Angèle décide de changer l'eau des fleurs, ça leur fera du bien, elles peuvent tenir encore quelques jours. Puis elle va dans la salle de bain, elle se coiffe, elle se rafraîchit et vaporise sur ses cheveux de l'eau de Cologne ambrée. Elle sent bon, elle est belle. Et elle espère.
L'aiguille de l'horloge a fait un peu de chemin. C'est encore trop tôt. Angèle a le temps. Elle sort le paquet de farine, le pot de beurre et le sucre. Elle enlève la bague qu'elle a au doigt et commence à écraser le beurre dans la poudre blanche. ça colle, ça glisse, elle en met un peu partout.