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Encyclopédie de cet idiot d'Albert

Encyclopédie de cet idiot d'Albert

9-12 ans - 25 pages, 2669 mots | 21 minutes de lecture | © L'Atelier du Poisson Soluble, 2015, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Encyclopédie de cet idiot d'Albert

9-12 ans - 21 minutes

Encyclopédie de cet idiot d'Albert

After years of work, investigations, research, readings and naps, Albert Lemant delivers the sum of knowledge of known and unknown worlds, in an incredible encyclopedia.

"Encyclopédie de cet idiot d'Albert" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Encyclopédie de cet idiot d'Albert

Encyclopédie de cet idiot d'Albert Albert Lemant Edition l'atelier du poisson soluble


ENCYCLOPÉDIE, ou DICTIONNAIRE IRRAISONNÉ DES SCIENCES (TRÈS PEU), DES BAZARS (BEAUCOUP), DE QUELQUES MÉTIERS STUPÉFIANTS, DES SPORTS PLUS OU MOINS CONNUS, DE GASTRONOMIE DE BON TON ET DE ZOOLOGIE ADMIRABLE MIS EN ORDRE PAR CET IDIOT D’ALBERT DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET DES BABELLES-LETTRES DE BULAN TOME PREMIER (pas sûr qu’il y en ait un second mais on ne sait jamais…) Au Puy-en-Velay Chez L’atelier du poisson soluble, boulevard Carnot MMXV Avec Approbation Dubitative et Sans Privilège du Roy L’Encyclopède N’en déplaise aux grincheux, l’Encyclopède a réellement existé. On ne compte plus les découvertes et les révélations étonnantes (non ?) qu’au siècle dernier cet éminent spécialiste des mots de tête a laissé en héritage à un monde bien peu reconnaissant mais auquel cependant il manque cruellement. Le modeste opuscule que voici se veut un vibrant hommage au génie du maître (dont les initiales P et D ne donnent aucune indication de quoi que ce soit sur ses qualités intrinsèques ou mouillées). Il est à espérer qu’aucun lecteur pris en flagrant délire de perplexité verbeuse ne se perdra dans ce labyrinthe d’images, ce qui mettrait l’auteur dans une colère et une hargne sans pareil. Car comme celui de Monsieur l’Encyclopède, son courroux coucou... Cette encyclopédie imagée et idiote lui est donc forcément dédiée.
ZOOLOGIE “Longtemps je me suis couché de bonne heure et avec un nounours en peluche dans les bras. Mes parents, de pauvres paysans incultes de Basse-Poméranie qui, comme c’était la coutume à l’époque, dormaient eux-mêmes au milieu de leurs vaches et de leurs porc noirs, y ayant vu un signe de la divine providence, me poussèrent à approfondir l’étude et la connaissance de mon prochain poilu. C’est avec grand regret qu’un jour je dus quitter Karl (Karl était un nom assez répandu chez les ours en peluche), et lorsqu’en 1803 j’obtins la chaire de peluchologie appliquée de l’Université de Leipzig, j’en rendis grâce à mes chers parents. Car je l’avoue, c’est dans la douce chaleur d’une fourrure ursicole mitée que naquit ma vocation, consistant à guider une humanité frileuse vers la compréhension éclairée du règne animal…” Extrait de Comment je devins zoologiste royal par Hans-Wilhem Shtrudelkopff, Lübeck, 1819. Shtrudelkopff fut l’un des principaux contributeurs aux articles de cette encyclopédie. Le cas du Doktor Shtrudelkopff reste exemplaire dans l’incessant combat mené par les « zoologistes universalistes » face aux obscurantismes de tous poils. On se souvient des articles venimeux qui envahirent les gazettes à la sortie de son audacieux essai, L’ours en peluche est un animal comme un autre. Les menaces et les tentatives d’intimidation n’eurent cependant pas raison de la farouche détermination du savant qui, sous la bannière de « Nous sommes tous des ours en peluche », défila avec tous les pensionnaires du zoo de Hambourg sous les fenêtres du Palais-Royal, mettant ainsi un terme à l’agitation grotesque d’une minorité haineuse et stérile. On sait qu ’ une réunion tenue secrète, pour les raisons qu’on imagine, aurait eu lieu dans un cottage du Kent au printemps 1857 entre Shtrudelkopff et le naturaliste Charles Darwin, lequel, très impressionné par l’enthousiasme de son collègue prussien, aurait fait siennes certaines des hypothèses audacieuses de celui-ci. Pour preuve, la résolution conjointe du mystère de la couleur rose d’une espèce encore mal connue d’éléphants ne pouvant être étudiés que dans certaines conditions extrêmement délicates, qui donna lieu à une publi-cation mémorable dans la revue Science Fûts . Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est que le fameux livre de Darwin, De l’Origine des espèces, devait s’appeler De l’origine des espèces en peluche. Shtrudelkopff – dont la modestie n’est plus à démontrer –,  refusant de se mettre en avant, réussit à convaincre son mentor de ne rien en faire. Les lauriers revinrent donc à Charles Darwin et l’apport de Shtrudelkoppf à la théorie de l’évolution resta confidentiel. Jusqu’à aujourd’hui.
Les attaques contre Shtrudelkoppf s’accentuèrent néanmoins et c’est à contrecœur qu’il accepta l’invitation de Monsieur de Bouffon, directeur du Muséum d’histoire surnaturelle de Paris dont l’ouverture d’esprit n’était plus à démontrer, et prit la tête du tout nouveau département de poulologie comparée de la ville de Paris. Il put ainsi continuer en toute quiétude ses travaux entre les quatre murs de sa « basse-cour », comme il aimait à appeler son laboratoire. S’il fallait ne retenir que quelques titres dans l’abondante production du savant, il serait judicieux de citer L’étroit petit cochon, et alors ? dont on n’a pas fini encore aujourd’hui de mesurer l’impact  ; L’étrange cas du coq ovin, qui plongea la communauté scientifique dans un abîme de perplexité, et enfin et surtout La poule est un loup pour l ’homme – dans lequel il démontra brillamment que le chaînon manquant entre la peluche et la plume n’avait eu strictement aucune incidence sur la cuisson de la poule au pot–, ouvrage que l’on considère à juste titre comme son véritable testament. Shtrudelkoppf ne publia plus rien après cela et sombra peu à peu dans une profonde mélancolie dont il ne se remit jamais. On se demande encore pourquoi...