>   Les Silences des pierres
Les Silences des pierres

Les Silences des pierres

13-15 ans - 40 pages, 1588 mots | 15 minutes de lecture | © L'Atelier du Poisson Soluble, 2010, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Les Silences des pierres

13-15 ans - 15 minutes

Les Silences des pierres

Longuement, Philippe Barbeau a poli son texte. Puis, patiemment, Marion Janin se l’est approprié, lui imposant son souffle, sa respiration.

Son trait précis, presque précieux, respecte l’universalité du conte, tout en lui imposant une touche très personnelle.

Les pierres ont parfois des silences qui séparent.

"Les Silences des pierres" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Du même éditeur :
Enregistrement(s) proposé(s) par storyplay'r

Raconté par Mina

narration avatar
Ecouter

Extrait du livre Les Silences des pierres

Les Silences des pierres de Philippe Barbeau et Marion Janin L'atelier du poisson soluble


Les silences des pierres
Lovée au bord de la mer, au pied de la montagne, ma ville chantait la joie de vivre, respirait le bien-être et conjuguait le bonheur à tous les temps. Ses habitants étaient pourtant différents mais ils savaient se parler, se comprendre et s'aimer. Ils se sentaient frères. Une maison se campait fièrement le long de la rue qui se tendait entre est et ouest, en plein cœur de la ville. Belle, grande, joyeuse et pourtant muette, elle tranquillisait chacun. Les pierres ont parfois des silences qui apaisent.
J'étais déjà coiffeur et travaillais dans une des boutiques du rez-de-chaussée. A longueur de journée, je coupais les cheveux et racontais la tendresse présente à mes clients. Des enfants de l'est et de l'ouest jouaient et riaient au pied de la maison, dans ses couloirs, derrière ses murs. Au premier étage, un joueur de oud caressait son instrument et fredonnait des chansons douces, sages et profondes comme un ciel sans nuage, une âme sans colère, un jour sans terreur. La musique s'échappait par la fenêtre ouverte. Elle adoucissait le coeur des passants, accrochait des sourires à leurs lèvres et brodait leurs rêves de fils d'or et d'argent.
Les enfants rejoignaient souvent le joueur de oud. Ils buvaient alors l'éclat de son regard, regardaient ses doigts danser sur les cordes et laissaient les paroles et les notes les bercer. Deux garçons appréciaient particulièrement ces moments : Amine et Karim. Ils avaient l'un et l'autre de superbes yeux noirs, qu'enjolivaient encore de longs cils, et ne perdaient rien du musicien chanteur. L'un retenait chaque note, l'autre chaque parole. L'un habitait à l'ouest, l'autre à l'est mais, ils se sentaient frères. Les pierres ont parfois des silences qui enchantent.
Hélas, un jour, des hommes venus d'ailleurs apportèrent une folie sans nom. Ils maculèrent de rouge la chemise du joueur de oud. Juste à la place du coeur. Là où la vie s'échappe pour toujours. Ses paupières tombèrent. Ses doigts se crispèrent. Sa voix s'éteignit dans un gémissement et son corps s'affaissa.