Extrait du livre Gavroche d'après Les Misérables
Gavroche d'après Les Misérables de Victor Hugo
d'Alain Paraillous
aux éditions Amaterra
Gavroche d'après Les Misérables de Victor Hugo
1
Il était une fois, voilà très longtemps, un garçon de huit ans nommé Gavroche. Ses parents, les Thénardier, étaient des gens méchants et malhonnêtes.
Ils avaient tenu pendant plusieurs années une auberge dans le village de Montfermeil, mais l'établissement avait fermé ses portes.
Les Thénardier s'étaient installés à Paris, s'enfonçant peu à peu dans la misère, subsistant grâce à des escroqueries. Ils avaient deux grandes filles d'une quinzaine d'années, Éponine et Azelma, qu'ils obligeaient à mendier, et même à voler.
Gavroche était né beaucoup plus tard. Ni lui ni ses soeurs n'étaient jamais allés à l'école. La mère Thénardier aimait ses filles, mais elle détestait le petit garçon qui était son souffre-douleur.
Ce fut pire encore lorsque le père Thénardier se retrouva en prison. Elle hurlait après le gamin :
- Ah, te voilà, sale gosse ! Voilà trois heures que je t'appelle, et tu ne répondais pas !
Puis elle décrochait le fouet et frappait l'enfant de toutes ses forces. Gavroche prit l'habitude de traîner dans les rues, le ventre creux, et de ne rentrer que pour dormir.
2
Un soir, Gavroche décida de ne plus rentrer du tout. Il dormit sous un pont près de la Seine. Pendant tout l'été, cet abri le protégea de la pluie et des orages.
Livré à lui-même, Gavroche fréquentait des garnements plus âgés que lui : Montparnasse, Courfeyrac, Babet, Brujon...
Ces enfants des rues lui donnaient le mauvais exemple. Comme eux, Gavroche chapardait parfois une pomme ou une brioche à l'étal d'une boutique.
Mais au fond, c'était un bon garçon, gai, jovial, rieur. Il savait se rendre utile. À l'occasion, il balayait un magasin, un atelier, ou aidait une vieille femme à porter son panier :
- Eh, grand-mère, votre colis est bien lourd : c'est-y que vous voulez un coup de main ?
En échange, il recevait une ou deux petites pièces qui lui permettaient de s'acheter un peu de nourriture.
Quand il n'avait rien à faire, Gavroche aimait se promener dans les rues de Paris. Les mains dans les poches et sa casquette enfoncée sur le front, il marchait en sifflant ou entonnait des drôles de chansons :
Le roi Coupdesabot
S'en allait à la chasse,
À la chasse aux corbeaux,
Monté sur des échasses.
Ou bien celle-ci :
Tout tout tout
Pour Charlotte
Et pour Chatou.
Moi j'ai qu'un sou
Et qu'une botte.
Malgré sa pauvreté, Gavroche n'était pas malheureux.
3
À l'automne, Gavroche trouva un emploi dans un théâtre. La pièce jouée racontait une histoire qui se passait au bord de la mer. Un grand drap bleu, posé sur la scène, représentait l'océan.