Extrait du livre La leçon de la fontaine
L’Empereur, nommé aussi le Fils du Ciel ou le Grand Dragon, régnait sur la Chine. Sa fille, Bourgeon de Pivoine, régnait sur son père. Pas par son sourire, mais au contraire en ne riant jamais, sous aucun prétexte, quelles que soient les grimaces ou farces que l’on venait faire devant elle.
Pour la dérider, son père, l’Empereur de Chine, se mettait en quatre. Il avait tout essayé : les acrobates, les chèvres savantes et les combats de grillons. Mais devant ces spectacles insolites ou burlesques, Bourgeon de Pivoine ne desserrait pas les lèvres pour le plus petit sourire.
Un jour, la princesse en promenade dans l’un des nombreux jardins du palais impérial, tombe en arrêt devant une fontaine. L’eau s’écoule doucement d’une vasque dans l’autre, remonte en un jet joyeux vers le ciel, puis retombe avec un rire contagieux. Mais ce sont les bulles qui accompagnent ce rire de l’eau qui plaisent à la jeune fille. Elles sont transparentes et colorées de rose, vert, jaune, comme si chacune d’elles contenait un arc-en-ciel. Les servantes qui sont témoins de ce moment étonnant vont raconter à l’empereur cet effet prodigieux de la fontaine sur la princesse. Elles disent même que le visage de Bourgeon de Pivoine n’avait jamais été aussi proche du sourire.