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Le drôle de Noël de Joulupukki

Le drôle de Noël de Joulupukki

6-8 ans - 32 pages, 3314 mots | 26 minutes de lecture | © Beurre salé, 2023, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Le drôle de Noël de Joulupukki

Le drôle de Noël de Joulupukki

En vrai, il s'appelle Joulupukki. Il est ronchon, solitaire, désabusé. Même plus envie de livrer les cadeaux de Noël, puisque tout le monde l'oublie dès le lendemain. Cette nuit-là, sa rencontre avec une petite esseulée rendra sa tournée inoubliable.

"Le drôle de Noël de Joulupukki" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Le drôle de Noël de Joulupukki

Le drôle de Noël de Joulupukki de Cécile Maynard et Olivier Chéné aux éditions Beurre Salé


Le drôle de Noël de Joulupukki
Alors voilà. On m’a demandé de raconter une histoire. Un conte de Noël pour être précis. Comme si j’étais le mieux placé pour cela ! Bien sûr, vous pensez que oui, mais vous vous trompez. Vous allez voir qu’en réalité, ma vraie vie ne fait pas franchement rêver. Enfin, parfois si, comme cette année.
1. En vrai, je m’appelle Joulupukki. Onze mois sur douze, je déprime. Je suis gros, vieux, barbu, bougon. Pire, je suis insignifiant aux yeux de tous. La preuve ? Mes voisins m’ignorent et ne me reconnaissent jamais quand ils me croisent sur le palier ou à la boulangerie dans mon vieux jogging. Même lorsque je fais un effort vestimentaire, chemise et pantalon à plis, rien à faire, personne ne me voit.
Eh oui, l’habit ne fait pas le moine ! Dès que je quitte mon habit de lumière, c’est comme si je disparaissais du paysage… Pourtant, un mois sur douze, tout le monde est fan de moi. J’ai des dizaines, que dis-je, des centaines, des milliers de clones plus ou moins ressemblants qui surgissent de partout, avec leur fausse barbe et leur hotte ridicule pleine de papillotes. Dans les rues, entre les boules qui scintillent et les guirlandes lumineuses, il y en a même qui se croient super malins en habillant de faux pères Noël en vert (rendez-vous compte !), ou en suspendant des imitations en tissu aux balcons et aux gouttières !
Pauvres marionnettes suspendues, parfois la tête en bas, je me demande comment elles parviendraient à livrer les cadeaux… Peut-être en les balançant par-dessus bord au lieu de les déposer délicatement au pied du sapin ? Quelle hypocrisie cette affaire de Noël ! Pendant un mois, tout le monde s’aime, se retrouve. On me chante, on m’écrit… Et le 25 décembre au soir, on m’oublie. Je redeviens un vieux bonhomme gris, solitaire, sans plus rien à faire les trois cent trente-cinq jours à venir. Bref… c’est désolant. Moi, je suis tout seul. La mère Noël ? Un mythe ! Je me demande où ils sont allés chercher une telle blague… Les lutins ? D’accord, ils font du bon travail. On passe de chouettes moments ensemble à préparer les millions de colis attendus partout et qu’il faudra parvenir à livrer en une seule nuit !
Heureusement, j’ai un pouvoir particulier : je peux distendre la durée de la nuit de Noël. C’est comme ça que j’arrive à livrer à temps les cadeaux des petits et des grands. Bon, c’est vrai, j’ai aussi mes copains les rennes, bien cachés dans un coin de forêt inaccessible au commun des mortels. Il n’y a rien à dire, les bêtes, c’est plus affectueux que les humains. Comment cela, misanthrope, moi ? Oui, peut-être… Surtout usé, désabusé. Tiens, je n’ai même pas envie de livrer les cadeaux ce soir… Ce dont j’ai envie ? De me coucher à vingt et une heure avec un chocolat chaud, une bouillotte et une pile de vieux magazines illustrés. Ce serait mieux que d’aller me geler les fesses sur un traîneau. Pire encore, de me retrouver coincé dans un insert comme l’an dernier ! Ces fichus lutins n’avaient pas actualisé la liste des moyens d’accès. Un conte de Noël, un conte de Noël… Qu’est-ce que je pourrais bien raconter ?
2. Allez, pas le choix, il faut partir livrer les cadeaux. Un chocolat chaud avant de démarrer la tournée, histoire de me réchauffer dedans aussi. Certains prétendent que je force un peu trop sur la bouteille, d’où mes joues rouges comme deux pommes d’Api… Mais c’est faux ! Vous imaginez ce que donnerait la tournée si j’étais ivre ? Ce serait un grand bazar ! Et hop ! La gaine grande taille de Madame Dulonbec
pour le petit Lucas ; le vaisseau Star Wars® en Lego® pour Mademoiselle Ophélie, qui avait demandé un kit complet de manucure. Ce dernier se trouvant désormais en la possession du père Laperruche, qui attendait un missel doré sur tranche ; lequel missel aurait été livré chez le jeune couple en face de chez moi, les Tendrecœur. Aïe aïe aïe… Soudain, ça me rappelle mon gros, énorme, immense, catastrophique problème insoluble. En fait, voici la vraie raison de ma déprime cette année… Une première dans ma carrière de Père Noël : mes voisins, les Tendrecœur m’ont demandé un cadeau impossible ! J’ai eu beau remuer la terre entière, je ne l’ai pas trouvé. J’en suis réduit à apporter un beau set de torchons à Madame et une pipe en écume à Monsieur. Pitoyable… Je fais cette tournée et ensuite, je démissionne, c’est obligé ! Bon, ce n’est pas le moment d’y penser : j’ai du travail et la nuit sera longue.
3. Hop ! Un petit coup de peigne sur ma barbe, j’enfile mon habit rouge et je saute dans mes bottes. Quand j’arrive à l’enclos des rennes, le traîneau est déjà prêt, rutilant. J’avais pris la peine de l’astiquer ce matin. D’habitude, les rennes se précipitent vers moi avec enthousiasme. Il est vrai que le soir de Noël, je les régale avec les carottes piquées sur les bonshommes de neige, ils adorent ça. Comment ça, vous m’imaginiez plus généreux ? Faites mon travail à ma place et vous verrez si c’est drôle !