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Les fleurs du mal

Les fleurs du mal

13-15 ans - 161 pages, 28975 mots | 3 heures 29 minutes de lecture | © Storyplay'r, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Les fleurs du mal

13-15 ans - 3 heures 29 minutes

Les fleurs du mal

Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes publié en 1857 qui explore les thèmes de la beauté, du mal, du spleen, et de l'évasion. Baudelaire y exprime une vision ambivalente de la vie, mêlant souffrance et exaltation, en abordant des sujets tels que l'amour, la mort, la déchéance et la quête de l'idéal. À travers un style novateur et un langage riche en symboles, l'œuvre reflète les tourments intérieurs du poète et son désir d'échapper à la banalité du monde.

"Les fleurs du mal" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Quel poème ouvre le livre Les Fleurs du Mal ?

Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire est un recueil poétique publié pour la première fois en 1857. Ce recueil a une structure soigneusement pensée, reflétant un parcours existentiel et spirituel à travers des thèmes comme la beauté, le spleen, l'amour, la mort et la révolte. Cette œuvre est découpée en six sections, présentées ci-dessous ; cependant, le premier poème du recueil se trouve en dehors des sections : “Au lecteur”. Ce poème agit comme préface de l’œuvre et établit le ton et les thématiques centrales du livre, et s'adresse directement au lecteur, le confrontant à sa propre hypocrisie et à ses faiblesses. 

Spleen et Idéal

Cette section ouvre le recueil, et explore le conflit entre l'aspiration à l'idéal et le poids accablant du spleen (mélancolie profonde). Elle contient le plus grand nombre de poèmes et développe les thèmes centraux du recueil, notamment la quête de beauté et le désespoir face à la condition humaine.  

Tableaux parisiens

Introduite lors de la seconde édition en 1861, cette section célèbre la ville de Paris, mais aussi ses aspects sordides. On y retrouve une sensibilité sociale dans les descriptions de la ville par Baudelaire, ce qui pour le 19e siècle était rare et innovant. Le mouvement littéraire du romantisme battait son plein, s’inspirant principalement de la nature, de la campagne. 

Le Vin

La troisième section évoque l'ivresse : non seulement comme échappatoire au spleen, mais aussi comme une quête d'un autre état de conscience.  

Fleurs du Mal

Cette section, qui a donné son nom au recueil entier, aborde les thèmes du vice, de la rébellion et de la transgression morale. Les poèmes traitent des plaisirs interdits, en soulignant leurs aspects à la fois fascinants et destructeurs. C’est à cette section que quatre des six poèmes censurés à la publication du recueil appartenaient. 

Révolte

Les poèmes de la 5e section expriment un rejet des normes religieuses et sociales, avec une invocation à Satan ou des cris d'insoumission. C'est une des parties les plus sombres et provocantes du recueil. 

La Mort

La dernière section est une méditation sur la mort, perçue comme un aboutissement inévitable mais pourtant ambigu. Baudelaire oscille dans cette partie entre la peur et l'espoir d'un éventuel apaisement dans l’au-delà. 

Pourquoi le titre Fleur du Mal ?

Le titre Les Fleurs du Mal est très symbolique et représentatif du recueil. Il incarne le paradoxe central de l’œuvre : la capacité à extraire la beauté (les fleurs) des aspects les plus sombres et vils de l’existence humaine (le mal). Baudelaire y exprime la tension entre l’idéal et le péché, le vice et le désespoir de la condition humaine. Ce titre reflète également une critique de l’hypocrisie sociale et religieuse de l’époque, tout en célébrant le mal comme une source d’inspiration artistique.

Pourquoi les Fleurs du Mal ont-elles fait polémique ?

Les Fleurs du Mal ont fait polémique lors de leur publication en 1857 en raison de leurs thématiques audacieuses : telles que l'érotisme, la rébellion contre Dieu, ou encore la fascination pour le mal, qui étaient jugées immorales dans la société conservatrice de l’époque. Le recueil choqua également par son style novateur, associant beauté et images macabres, bouleversant les conventions poétiques du 19ème siècle. C’est pourquoi Baudelaire est poursuivi en justice pour “outrage à la morale publique” et six poèmes du recueil sont censurés pour leur sensualité explicite et leur transgression des normes morales. Ces six poèmes seront finalement publiés dans une réédition de 1949, prêt d’un siècle après la première publication. Mais, si l’œuvre a divisé l’opinion publique, elle a aussi été saluée par des écrivains comme Victor Hugo ou Gustave Flaubert, affirmant ainsi son caractère révolutionnaire et intemporel. 

Quels sont les 6 poèmes censurés des Fleurs du mal ? 

Les 6 poèmes ayant été censurés lors du procès de Charles Baudelaire pour outrage, en août 1857, sont les suivants :  

  • "Les Bijoux" 
  • "Le Léthé" 
  • "À celle qui est trop gaie" 
  • "Lesbos" 
  • "Femmes damnées (Delphine et Hippolyte)" 
  • "Les Métamorphoses du Vampire" 

Ces poèmes ont été jugés offensants pour leur érotisme explicite, leur exploration des amours illicites (notamment homosexuelles) ainsi que leur tonalité transgressive. Condamné à retirer ces poèmes et à payer une amende, Baudelaire vit son œuvre amputée jusqu’à la levée de la censure en 1949, où ces pièces furent réintégrées, confirmant leur importance dans l’ensemble du recueil.  

Qui était Charles Baudelaire ?

Charles Baudelaire était un poète français majeur du 19e siècle, connu pour son œuvre phare Les Fleurs du mal, qui a révolutionné la poésie de l’époque en abordant des thèmes tels que la beauté, le mal, la mélancolie et la modernité. Précurseur du symbolisme, il a su exprimer les contradictions de l'âme humaine dans ses poèmes. 

Où est mort Charles Baudelaire ?

Charles Baudelaire est mort à Paris, le 31 août 1867, âgé de seulement 46 ans. Il est décédé dans une maison de soins, située dans le quartier de la Chaussée-d’Antin, souffrant de graves maladies. Sa santé avait été gravement affectée par un accident l'année précédente, qui l'avait laissé partiellement paralysé et incapable de parler correctement. Ses obsèques ont eu lieu à l'église Saint-Honoré-d'Eylau, et il repose au cimetière Montparnasse, aux côtés de sa mère, qui le rejoignit à posteriori. 

Qu’est-ce qu’un classique de la littérature française ?

Un classique de la littérature française est une œuvre qui a traversé les époques, tout en restant pertinent dans le monde d’aujourd’hui. Ces œuvres sont reconnues pour leur qualité littéraire, leur profondeur de pensée, et leur capacité à toucher des générations successives de lecteurs. Pour réussir cela, elles abordent souvent des thèmes universels : l’amour, la justice, la liberté, ou la condition humaine. Dans les classiques, on retrouve également des œuvres qui ont marqué l’histoire littéraire en apportant des innovations (de langue, de forme, ou de style). Par exemple, les pièces de théâtre de Molière ont établi des standards dans le genre de la comédie, tandis que les romans de Victor Hugo ont révolutionné la forme romanesque D'autres grands auteurs classiques sont bien évidemment : Charles Perrault, Emile Zola, Guy de Maupassant

Extrait du livre Les fleurs du mal

Les fleurs du mal écrit par Charles Baudelaire Aux éditions Storyplay'r


Les fleurs du mal
Au poète impeccable Au parfait magicien ès lettres françaises À mon très cher et très vénéré Maître et ami Théophile Gautier Avec les sentiments de la plus profonde humilité Je dédie Ces fleurs maladives C. B.
Au lecteur La sottise, l’erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches. Sur l’oreiller du mal c’est Satan Trismégiste Qui berce longuement notre esprit enchanté, Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste. C’est le Diable qui tient les fils qui nous remuent ! Aux objets répugnants nous trouvons des appas ; Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent. Ainsi qu’un débauché pauvre qui baise et mange Le sein martyrisé d’une antique catin, Nous volons au passage un plaisir clandestin Que nous pressons bien fort comme une vieille orange. Serré, fourmillant, comme un million d’helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons, Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes. Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie, N’ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins Le canevas banal de nos piteux destins, C’est que notre âme, hélas ! n’est pas assez hardie. Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, Dans la ménagerie infâme de nos vices, Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde ! Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde ; C’est l’Ennui ! – l’œil chargé d’un pleur involontaire, Il rêve d’échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, – Hypocrite lecteur, – mon semblable, – mon frère ! Spleen et idéal
I– Bénédiction Lorsque, par un décret des puissances suprêmes, Le Poète apparaît en ce monde ennuyé, Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié : – « Ah ! que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipères, – Plutôt que de nourrir cette dérision ! Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères Où mon ventre a conçu mon expiation ! Puisque tu m’as choisie entre toutes les femmes Pour être le dégoût de mon triste mari, Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes, Comme un billet d’amour, ce monstre rabougri, Je ferai rejaillir ta haine qui m’accable Sur l’instrument maudit de tes méchancetés, Et je tordrai si bien cet arbre misérable, Qu’il ne pourra pousser ses boutons empestés ! » Elle ravale ainsi l’écume de sa haine, Et, ne comprenant pas les desseins éternels, Elle-même prépare au fond de la Géhenne Les bûchers consacrés aux crimes maternels. Pourtant, sous la tutelle invisible d’un Ange, L’Enfant déshérité s’enivre de soleil, Et dans tout ce qu’il boit et dans tout ce qu’il mange Retrouve l’ambroisie et le nectar vermeil.
Il joue avec le vent, cause avec le nuage, Et s’enivre en chantant du chemin de la croix ; Et l’Esprit qui le suit dans son pèlerinage Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois. Tous ceux qu’il veut aimer l’observent avec crainte, Ou bien, s’enhardissant de sa tranquillité, Cherchent à qui saura lui tirer une plainte, Et font sur lui l’essai de leur férocité. Dans le pain et le vin destinés à sa bouche Ils mêlent de la cendre avec d’impurs crachats ; Avec hypocrisie ils jettent ce qu’il touche, Et s’accusent d’avoir mis leurs pieds dans ses pas. Sa femme va criant sur les places publiques : « Puisqu’il me trouve assez belle pour m’adorer, Je ferai le métier des idoles antiques, Et comme elles je veux me faire redorer ; Et je me soûlerai de nard, d’encens, de myrrhe, De génuflexions, de viandes et de vins, Pour savoir si je puis dans un cœur qui m’admire Usurper en riant les hommages divins ! Et, quand je m’ennuierai de ces farces impies, Je poserai sur lui ma frêle et forte main ; Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies, Sauront jusqu’à son cœur se frayer un chemin. Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite, J’arracherai ce cœur tout rouge de son sein, Et, pour rassasier ma bête favorite, Je le lui jetterai par terre avec dédain ! » Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide, Le Poète serein lève ses bras pieux, Et les vastes éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l’aspect des peuples furieux : – « Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance – Comme un divin remède à nos impuretés Et comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés ! Je sais que vous gardez une place au Poète Dans les rangs bienheureux des saintes Légions, Et que vous l’invitez à l’éternelle fête Des Trônes, des Vertus, des Dominations. Je sais que la douleur est la noblesse unique Où ne mordront jamais la terre et les enfers, Et qu’il faut pour tresser ma couronne mystique Imposer tous les temps et tous les univers. Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre, Les métaux inconnus, les perles de la mer, Par votre main montés, ne pourraient pas suffire À ce beau diadème éblouissant et clair ; Car il ne sera fait que de pure lumière, Puisée au foyer saint des rayons primitifs, Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière, Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! »
II– L’albatros Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d’eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
III – Élévation Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées, Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté. Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l’air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides. Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse, Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse S’élancer vers les champs lumineux et sereins ; Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, – Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes !
IV– Correspondances La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, – Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens