Extrait du livre Tahirou, roi des Papous
Tahirou, roi des Papous De Bernard Villiot et Sébastien Chebret Aux éditions L'Elan Vert
Tahirou, roi des Papous
Au cœur de l’Océanie s’étendait le royaume de Papouasie. Et à l’ombre de l’épaisse forêt qui couvrait le pays, des hommes et des femmes vivaient là en parfaite harmonie. Jamais une querelle, jamais un conflit. Les Papous étaient un peuple doux et facétieux qui déroulait son existence entre la chasse, la pêche, la cueillette et les jeux. Une sagesse sans doute influencée par l’océan qui borde ses rivages et qu’un navigateur avait un jour baptisé « Pacifique ».
Chez les Papous, la grandeur ne se distinguait pas par la taille, mais par le titre. Le plus important d’entre eux était le roi. Grand par son rang, il pouvait être aussi le plus petit. Chez les Papous, on ne devenait pas roi parce qu’on était fils à papa, que l’on faisait des papouilles ou que l’on savait mieux cuir la papaye. Devenait roi celui qui possédait le plus grand nombre de cochons, car là-bas la richesse se comptait en porcs et non en or. Le roi des Papous avait un avis sur tout et décidait de presque tout. Un de ses nombreux privilèges était de parader à sa guise en tenue d’apparat.
Tahirou rêvait de porter la prestigieuse parure ornée de plumes, mais il n’était encore qu’un enfant et ne possédait qu’un seul cochon : un petit cochon tout rond. — Avant d’espérer être roi, apprends à écouter, lui conseillait son père. L’enfant s’enfonçait alors dans la forêt avec les hommes de la tribu pour pister le gibier. — Apprends aussi à regarder, enchérissait sa mère. Tahirou longeait alors la rivière avec les femmes du village pour glaner des fruits sauvages. D’autres fois, il partait en pirogue avec ses grands frères pour apprendre à pêcher le poisson arc-en-ciel dans les reflets du soleil couchant. Le soir venu, Tahirou rejoignait la tribu autour du grand feu pour écouter le plus vieux d’entre eux. Celui que les enfants appelaient « Papy Papou ». Le vieil homme contait des histoires qu’il avait entendues jadis un peu partout. Puis, protégé des prédateurs par une haute palissade de bambous, le village s’endormait en écoutant hululer les hiboux.