Extrait du livre En route pour le Rock N'Roll
En route pour le Rock N'Roll D'Olivier Dupain et Raphaël Maaden Aux éditions Frimousse
En route pour le Rock N'Roll
Chapitre 1 Yeah !!! Ce soir, c’est le grand soir ! Le concert des Rockers rageux ! C’est MON groupe de rock favori. Avec ma mère, on attend ça depuis au moins un an. J’ai l’impression que ça fait mille ans ! Quand je suis impatient, je ne tiens pas en place. Je n’ai carrément pas dormi de la nuit. Il est six heures du matin et je ne dors pas. Alors pour me détendre, je fais des coiffures à mon chien. C’est un grand caniche avec les poils hyper longs. J’y mets du gel et lui fais une crête trop géniale. Il adore ça.
Si maman est d’accord, ce soir je m’en ferai une aussi. Mais elle ne sera pas d’accord. Huit heures. On frappe à la porte. — Toc toc toc, dit ma mère. — Qui est là ? je réponds. — Sandy, dit ma mère. — Sandy qui ? je réponds. — Sandy-rait d’aller voir les Rockers rageux, ce soir ? Comme souvent, ma mère a tenté un jeu de mots tout pourri pour que ça fasse comme « ça te dirait d’aller voir les Rockers rageux ce soir ? » Moi, je déteste les blagues « toc toc toc », mais aujourd’hui, c’est spécial, alors je ris de bon coeur. Pour lui faire plaisir. D’autant qu’elle la prépare sûrement depuis des jours ! — On part dans une demi-heure, tu seras prêt ? me demande ma mère. — Déjà ? — Eh oui ! Je te rappelle que le concert est à 350 kilomètres d’ici. Si on veut avoir le temps de faire une pause déjeuner et ensuite être les premiers arrivés, on n’a pas le choix !
Maman est super prévoyante. Elle a prévu des vêtements de rechange (on change certainement de climat tellement c’est loin), un pique-nique pour quinze personnes (alors qu’on n’est que deux), un pack de six bouteilles d’eau (au cas où on traverserait un désert, peut-être…) et même un jerricane d’essence. — Tu es sûr pour le jerricane ? je lui demande. — On ne sait jamais ! Imagine qu’on ne trouve pas de station-service sur le chemin ou qu’il y ait une grève des routiers ou, je ne sais pas, moi… On a chargé tout ça dans le 4X4. Au programme, de la route toute la journée, avec pause déjeuner et pause goûter, un concert super cool et une nuit à l’hôtel. Retour demain à la maison. Week-end d’enfer !
Chapitre 2 Si maman est super prévoyante, elle a tout de même oublié quelque chose : le liquide de refroidissement. Et quand le voyant de la voiture est allumé depuis des mois pour dire que le moteur chauffe trop fort, il n’est pas conseillé de faire de longs trajets. Résultat : moteur fumant et hors service après une heure de route seulement. Et comme ma mère n’aime pas les autoroutes, elle a pris les routes départementales. En pleine campagne. Vous savez, la campagne… où le téléphone portable ne capte pas de réseau et où ça sent pas toujours la rose.
J’exagère un peu ; la campagne, c’est chouette. Mais aujourd’hui, y a comme une odeur de bouse dans l’air. Mais alors, d’une force ! Oui, je sais… c’est mieux que les odeurs de gasoil des villes. Mais bon, ça surprend, quand même. — On fait quoi, maintenant ? je demande. — Vu que mon téléphone ne capte pas, on va attendre qu’une voiture passe et on va lui demander de l’aide. Justement, voilà un tracteur. Maman fait de grands gestes et l’agriculteur s’arrête à côté de nous. — Monsieur, vous pourriez nous aider ? Nous sommes en panne, explique ma mère avec un sourire charmeur. Le gaillard est sacrément costaud, avec une moustache plus touffue que le balai de la cuisine, et une casquette américaine plus âgée que lui sur son crâne qui est sans doute chauve. — Allez voir Maurice, c’est mon grand-père. Il tient le garage au village. — Quel village ? je demande, vu qu’on est au milieu de nulle part. — C’te bonne paire ! Le village ! Y en a qu’un à trente kilomètres à la ronde. Montez dans ma cabine, je vais vous y mener.
Tandis que le tracteur nous bringuebale vers le village, j’essaie de calculer l’âge que peut avoir le grand-père, vu que le conducteur du tracteur paraît déjà vachement âgé. Visiblement, maman se pose la même question que moi puisqu’elle demande : — Quel âge avez-vous, monsieur ? — J’en ai bientôt vingt-quatre ! répond le… jeune homme. Nous arrivons dans un village pittoresque, qui semble totalement mort. Seul signe de vie, une boutique étrange : une boulangerie-épicerie-poste-marchand-de-journaux, dont sort justement Maurice, le garagiste. L’homme est rond comme un potiron, sa peau est rouge comme un potiron. Il me fait penser à... à un potiron d’Halloween, en plus rigolo ! — Nous sommes en panne, lui dit ma mère. Maurice regarde autour de lui et dit d’une voix éraillée : — Mais… vous n’avez pas de voiture ? Après quelques explications, le garagiste part avec sa dépanneuse chercher la voiture tandis que nous allons boire un verre chez Paulette. C’est un boui-boui de l’autre côté de l’église. Le mot boui-boui n’est pas trop fort, croyez-moi !