Extrait du livre La Baston
La Baston des Bleus et des Rouges de Benjamin Leroy aux éditions Le Père Fouettard
La Baston des Bleus et des Rouges
La forteresse bleue est en pleine effervescence. Barbe bleue a une idée. – Demain à l’aube, nous avancerons sans bruit jusqu’à la forteresse rouge. Une fois sur place, nous ne ferons qu’une bouchée de Tison rouge et de sa bande. – Une bouchée ! répète Berend en hurlant. – On va rosser les Rouges ! rugit Bardak. – Les tailler en pièces ! ajoute Brutus en riant. – Enfilons nos tuniques neuves, propose Balderik avec enthousiasme. Suit un long silence.
Puis, les chevaliers crient à gorge déployée : – Vive les Bleus, à bas les Rouges ! Ces mots ricochent sur les frondaisons de la forêt touffue… … et vont s’écraser, de l’autre côté de la vallée, sur les murs de la forteresse rouge. Là-bas aussi, les bottes des chevaliers martèlent nerveusement le sol, car Tison rouge a une idée.
– Demain à l’aube, nous irons à la forteresse bleue. Pour le petit-déjeuner, nous ferons une bonne surprise à Barbe bleue ! – Une bonne surprise ! répète Roald. – Du boudin bleu ! lance Rouland. – Nous les écorcherons vifs ! grommèle Roderik. … De leur peau, je me ferai faire un manteau, déclare Randalf. Les chevaliers rouges trouvent l’idée un peu étrange. Leurs voix s’élèvent et crient en chœur : – Vive les Rouges, à bas les Bleus ! Les boucliers heurtent les murs dans un bruit de ferraille.
Le lendemain matin, la forêt retient son souffle. En tendant l’oreille, on perçoit le tintement des cuirasses. Berend et Bardak fredonnent le chant de guerre des Bleus. Ils ne sont pas seuls, mais ils l’ignorent encore… Soudain, Barbe bleue lève la main. Là, derrière le feuillage, il a aperçu quelque chose. Ces maudits Rouges seraient-ils déjà debout ? Sans hésiter, Barbe bleue bondit tel un tigre dans les fourrés.