Extrait du livre Jour Blanc
Jour Blanc d'Adèle Tariel et Jérôme Peyrat aux éditions du Père Fouettard
Jour Blanc
Elle tremble. Pas de froid, mais de peur. Où est sa maman ? Elle ne distingue plus rien, tout est blanc sur la banquise. Il a surgi de nulle part. Les grognements de plus en plus forts, les pattes d’un colosse, les griffes d’un géant. Sa maman lui a donné un coup du museau, elle a compris : il fallait s’enfuir, courir longtemps. Mais, quand elle s’est enfin retournée, elle était seule, toute seule dans le grand blanc.
Aleqa a les cils gelés. Sous sa cagoule, elle sourit. Elle accélère encore, elle aime sentir le vent glacial fouetter ses joues. Elle plisse les yeux. Elle croit reconnaitre une forme au loin, mais la forme ne bouge pas, blottie contre la glace.
L’oursonne entend un bourdonnement. Mais elle ne peut plus bouger, elle est trop faible. Elle voudrait s’enfuir. Elle ferme les yeux, elle veut se fondre dans la glace. Aleqa s’arrête, descend de la motoneige. Elle s’approche très doucement et s’accroupit devant le petit animal. Elle reste là, immobile. Un oeil s’ouvre, la fixe. Aleqa n’ose pas bouger, mais, dans son ventre, son bébé s’agite. Le vent les encercle dans un tourbillon gelé.