Extrait du livre La peur au ventre
La peur au ventre de Bertóthy Ágnes aux éditions Callicéphale
La peur au ventre
En ce moment, il y a de plus en plus de bruit à la maison. J’essaye en vain de l’empêcher d’envahir ma chambre, mais les mots se glissent sous la porte. Alors j’essaye de me faire toute petite, n’être qu’un tout petit point au milieu de cette grande pièce, mais cette tension arrive de partout et m’envahit. Lorsqu’à un moment donné le silence revient, la tension, elle, ne disparaît pas. Elle est encore dans l’air. Tantôt, elle m’observe de loin, tapie dans un coin de la chambre, tantôt elle se rapproche menaçante, et je sens alors comme un picotement sur ma peau. Elle tournoie, fait des zigzags, et finit, immanquablement, par venir se coller sur moi comme un chewing-gum sur la semelle d’une chaussure.
Elle remonte le long de mes chevilles et ne me quitte plus, où que j’aille.
Partout où je vais, il y a toujours trop de bruit. Je me sens oppressée, j’ai même du mal à respirer. La tension, lentement, remonte jusqu’à mon ventre et s’y installe. Quelque chose se contracte en moi. Une boule minuscule. Elle s’enroule tout doucement et grandit, grandit jusqu’à m’envahir tout entière.
Elle occupe toute la place, continue à gonfler et... finit par éclater.