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Le mariage de Figaro

Le mariage de Figaro

13-15 ans - 179 pages, 31740 mots | 3 heures 49 minutes de lecture | © Storyplay'r, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Le mariage de Figaro

13-15 ans - 3 heures 49 minutes

Le mariage de Figaro

Fidèle serviteur du comte Almaviva, Figaro refuse de plier devant les grands et leurs privilèges. Il défend avec humour son honneur et son amour, en un mot, son droit d'exister. Ruses, jalousie et quiproquos vont animer cette folle journée à une cadence effrénée.

"Le mariage de Figaro" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Quelle est l'histoire du mariage de Figaro ?

Le Mariage de Figaro est une pièce de théâtre de Beaumarchais, parue en 1784. Cette œuvre est une comédie en cinq actes, qui raconte les péripéties de Figaro, un valet, souhaitant épouser Suzanne, la servante de la comtesse Almaviva. Les deux amoureux rencontrent bien des problèmes : le comte Almaviva, leur maître, tente de séduire Suzanne en abusant de son pouvoir. Figaro, Suzanne et la comtesse s’allient donc pour déjouer ses plans à travers des ruses et des déguisements. Après de nombreux quiproquos et retournements, le comte est contraint de demander pardon à sa femme. Figaro et Suzanne peuvent enfin se marier. La pièce dénonce les abus de pouvoir et célèbre l'intelligence et l'égalité, elle fut très mal reçue par la Cour Royale Française lors de sa parution. 

Pourquoi le mariage de Figaro s'appelle aussi la folle journée ?

Le Mariage de Figaro est également appelé La Folle Journée, mais pourquoi cela ? Tout simplement, car l’auteur a décidé de donner ce deuxième titre à son œuvre. Ce dernier fait notamment référence à l'intensité et au rythme effréné de la pièce, qui se déroule sur une seule journée !  

Quelle est la morale du mariage de Figaro ?

Le Mariage de Figaro dénonce les privilèges et excès de la noblesse, l'injustice sociale ainsi que les inégalités entre les genres. À travers l'esprit et la ruse de Figaro et Suzanne, la pièce montre que l'intelligence est capable de triompher face aux abus de pouvoir, représentés par le Comte Almaviva. La pièce critique aussi l'hypocrisie sociale, où les apparences cachent souvent des comportements immoraux. La morale centrale est donc que la valeur d'une personne doit être fondée sur ses qualités et ses actions, et non sur son rang social, ce qui au XVIIIe siècle était très rare, voir inexistant. 

Pourquoi le mariage de Figaro est une satire sociale ?

Cette pièce de théâtre est qualifiée de satire sociale, par les nombreuses critiques de la société qui y sont présentes. La pièce est même considérée comme précurseuse de la Révolution Française. En effet, chaque personnage de l’œuvre représente un aspect de la société française de l’époque, le Comte est l’aristocratie autoritaire, Figaro et Suzanne sont le peuple, la Comtesse est l’aristocratie et surtout la condition féminine. Par ailleurs, ces nombreuses dénonciations sur la société du 18e siècle sont explicites dans la pièce, ce qui contribue d’autant plus à qualifier l’œuvre de satire sociale.  

Qu'est-ce que Beaumarchais dénonce dans Le Mariage de Figaro ?

Dans cette satire sociale, Beaumarchais dénonce son époque : les privilèges injustes de la noblesse, les abus de pouvoir et les inégalités sociales. À travers le personnage de Figaro, il critique une société où la naissance prime sur le mérite, avec un système arbitraire accordant des avantages immérités aux nobles. Le Comte Almaviva symbolise tous ces abus, notamment par sa volonté de séduire Suzanne, utilisant son statut, dénonçant ainsi l'oppression des plus faibles et le droit du seigneur. L’auteur s’attaque aussi aux inégalités entre les sexes, montrant des femmes rusées et déterminées face à une société patriarcale qui les réduit à des objets de désir ou à des épouses délaissées. Enfin, il dépeint une société où les apparences masquent les vices humains et où la justice reste inaccessible aux plus démunis, livrant ainsi une satire sociale pré-révolutionnaire en faveur de la liberté, de l'égalité et de la justice.  

Pourquoi le mariage de Figaro était-il controversé à l’époque ?

Cette pièce de théâtre a été très controversée lors de sa parution et première représentation en 1784 (5 ans avant la Révolution Française). En effet, elle fut même censurée pendant plusieurs années par le pouvoir en place. Pourquoi ? Eh bien, pour toutes les dénonciations et critique sur la société que nous avons mentionné plus haut. Louis XVI, Roi de France de l’époque, aurait même qualifiée cette œuvre “d’exécrable”. La censure, mise en garde et le rejet de l’œuvre par la noblesse et bourgeoisie française du 18e siècle montre bien que les mots de Beaumarchais étaient très puissants, et inédits pour l’époque. C’est pour cela que Le Mariage de Figaro est considérée comme annonciatrice de la Révolution Française de 1789.

Qu’est-ce qu’un classique de la littérature française ?

Un classique de la littérature française est une œuvre qui a traversé les époques, tout en restant pertinent dans le monde d’aujourd’hui. Ces œuvres sont reconnues pour leur qualité littéraire, leur profondeur de pensée, et leur capacité à toucher des générations successives de lecteurs. Pour réussir cela, elles abordent souvent des thèmes universels : l’amour, la justice, la liberté, ou la condition humaine. Dans les classiques, on retrouve également des œuvres qui ont marqué l’histoire littéraire en apportant des innovations (de langue, de forme, ou de style). Par exemple, les pièces de théâtre de Molière ont établi des standards dans le genre de la comédie, tandis que les romans de Victor Hugo ont révolutionné la forme romanesque D'autres grands auteurs classiques sont bien évidemment : Charles Perrault, Emile Zola, Guy de Maupassant.

Extrait du livre Le mariage de Figaro

Le Mariage de Figaro de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais


Le Mariage de Figaro
La scène est au château d’Aguas Frescas, à trois lieues de Séville. Acte premier Le théâtre représente une chambre à demi-démeublée, un grand fauteuil de malade est au milieu. Figaro avec une toise mesure le plancher. Suzanne attache à sa tête, devant une glace, le petit bouquet de fleur d’orange, appelé chapeau de la Mariée.
Scène première FIGARO, SUZANNE. Figaro Dix-neuf pieds sur vingt-six. Suzanne Tiens, Figaro, voilà mon petit chapeau : le trouves-tu mieux ainsi ? Figaro lui prend les mains. Sans comparaison, ma charmante. Oh ! que ce joli bouquet virginal, élevé sur la tête d’une belle fille, est doux, le matin des noces, à l’œil amoureux d’un époux !… Suzanne se retire. Que mesures-tu donc là, mon fils ? Figaro Je regarde, ma petite Suzanne, si ce beau lit que Monseigneur nous donne, aura bonne grâce ici. Suzanne Dans cette chambre ?
Figaro Il nous la cède. Suzanne Et moi je n’en veux point. Figaro Pourquoi ? Suzanne Je n’en veux point. Figaro Mais encore ? Suzanne Elle me déplaît. Figaro On dit une raison. Suzanne Si je n’en veux pas dire ? Figaro Oh ! quand elles sont sûres de nous ! Suzanne Prouver que j’ai raison serait accorder que je puis avoir tort. Es-tu mon serviteur, ou non ? Figaro Tu prends de l’humeur contre la chambre du château la plus commode, et qui tient le milieu des deux appartements. La nuit, si madame est incommodée elle sonnera de son côté ; zeste, en deux pas, tu es chez elle. Monseigneur veut-il quelque chose ? il n’a qu’à tinter du sien ; crac, en trois sauts me voilà rendu. Suzanne Fort bien ! mais, quand il aura tinté le matin, pour te donner quelque bonne et longue commission ; zeste, en deux pas il est à ma porte, et crac, en trois sauts… Figaro Qu’entendez-vous par ces paroles ? Suzanne Il faudrait m’écouter tranquillement. Figaro Eh qu’est-ce qu’il y a ? Bon dieu !
Suzanne Il y a, mon ami, que, las de courtiser les beautés des environs, monsieur le comte Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme ; c’est sur la tienne, entends-tu, qu’il a jetté ses vues, auxquelles il espère que ce logement ne nuira pas. Et c’est ce que le loyal Bazile, honnête agent de ses plaisirs, et mon noble maître à chanter, me répète chaque jour, en me donnant leçon. Figaro Bazile ! ô mon mignon ! si jamais volée de bois vert, appliquée sur une échine, a dûment redressé la moelle épinière à quelqu’un… Suzanne Tu croyais, bon garçon ! que cette dot qu’on me donne était pour les beaux yeux de ton mérite ? Figaro J’avais assez fait pour l’espérer. Suzanne Que les gens d’esprit sont bêtes ! Figaro On le dit. Suzanne Mais c’est qu’on ne veut pas le croire. Figaro On a tort. Suzanne Apprends qu’il la destine à obtenir de moi, secrètement, certain quart d’heure, seul à seule, qu’un ancien droit du seigneur… Tu sais s’il était triste ! Figaro Je le sais tellement que, si monsieur le comte en se mariant, n’eût pas aboli ce droit honteux, jamais je ne t’eusse épousée dans ses domaines. Suzanne Eh bien ! s’il l’a détruit, il s’en repent ; et c’est de ta fiancée qu’il veut le racheter en secret aujourd’hui. Figaro, se frottant la tête. Ma tête s’amollit de surprise ; et mon front fertilisé… Suzanne Ne le frotte donc pas ! Figaro Quel danger ? Suzanne, riant. S’il y venait un petit bouton ; des gens superstitieux…
Figaro Tu ris friponne ! Ah ! s’il y avait moyen d’attraper ce grand trompeur, de le faire donner dans un bon piège, et d’empocher son or ! Suzanne De l’intrigue, et de l’argent ; te voilà dans ta sphère. Figaro Ce n’est pas la honte qui me retient. Suzanne La crainte ? Figaro Ce n’est rien d’entreprendre une chose dangereuse ; mais d’échapper au péril en la menant à bien : car, d’entrer chez quelqu’un la nuit, de lui souffler sa femme, et d’y recevoir cent coups de fouet pour la peine, il n’est rien plus aisé ; mille sots coquins l’ont fait. Mais… (On sonne de l’intérieur.) Suzanne Voilà madame éveillée ; elle m’a bien recommandé d’être la première à lui parler le matin de mes noces. Figaro Y a-t-il encore quelque chose là-dessous ? Suzanne Le berger dit que cela porte bonheur aux épouses délaissées. Adieu, mon petit Fi, Fi, Figaro, rêve à notre affaire. Figaro Pour m’ouvrir l’esprit, donne un petit baiser. Suzanne À mon amant aujourd’hui ? Je t’en souhaite ! Et qu’en dirait demain mon mari ? Figaro l’embrasse. Suzanne Eh bien ! eh bien ! Figaro C’est que tu n’as pas d’idée de mon amour. Suzanne, se défripant. Quand cesserez-vous, importun de m’en parler du matin au soir ? Figaro, mystérieusement. Quand je pourrai te le prouver, du soir jusqu’au matin. (On sonne une seconde fois.) Suzanne, de loin, les doigts unis sur sa bouche. Voilà votre baiser, monsieur ; je n’ai plus rien à vous. Figaro court après elle. Oh ! mais ce n’est pas ainsi que vous l’avez reçu.
Scène II Figaro, seul. La charmante fille ! toujours riante, verdissante, pleine de gaieté, d’esprit, d’amour et de délices ! mais sage !… (Il marche vivement en se frottant les mains.) Ah, Monseigneur ! Mon cher Monseigneur ! vous voulez m’en donner… à garder ? Je cherchais aussi pourquoi m’ayant nommé concierge, il m’emmène à son ambassade, et m’établit courrier de dépêches. J’entends, monsieur le comte : trois promotions à la fois ; vous, compagnon ministre ; moi, casse-cou politique, et Suzon, dame du lieu, l’ambassadrice de poche, et puis fouette courrier ! pendant que je galoperais d’un côté, vous feriez faire de l’autre à ma belle un joli chemin ! me crottant, m’échinant pour la gloire de votre famille ; vous, daignant concourir à l’accroissement de la mienne ! quelle douce réciprocité ! Mais, Monseigneur, il y a de l’abus. Faire à Londres, en même temps, les affaires de votre maître, et celles de votre valet ! représenter, à la fois, le Roi et moi, dans une Cour étrangère, c’est trop de moitié, c’est trop. – Pour toi, Bazile ! fripon mon cadet ! Je veux t’apprendre à clocher devant les boiteux ; je veux… non, dissimulons avec eux, pour les enferrer l’un par l’autre. Attention sur la journée, monsieur Figaro ! d’abord avancer l’heure de votre petite fête, pour épouser plus sûrement ; écarter une Marceline, qui de vous est friande en diable ; empocher l’or et les présents ; donner le change aux petites passions de monsieur le comte ; étriller rondement monsieur du Bazile et…
Scène III MARCELINE, BARTHOLO, FIGARO. Figaro s’interrompt. … Héééé, voilà le gros docteur, la fête sera complète. Eh, bonjour, cher docteur de mon cœur. Est-ce ma noce avec Suzon qui vous attire au château ? Bartholo avec dédain. Ah, mon cher monsieur, point du tout. Figaro Cela serait bien généreux ! Bartholo Certainement, et par trop sot. Figaro Moi qui eus le malheur de troubler la vôtre ! Bartholo Avez-vous autre chose à nous dire ?. Figaro On n’aura pas pris soin de votre mule !