Extrait du livre Le sac à tout faire
Le sac à tout faire de Kollàr Árpád et Szimonidesz Hajnalka aux éditions Callicéphale
Tom le footeux donne des coups de pied dans les pommes tombées par terre, il frappe, feinte, tire, puis, comme il aime aussi les croquer, il en ramasse le plus possible, en bourre ses poches, ses manches et enfin ses sacs en plastique. Tom est gourmand.
— Zut alors, un trou ! Ce sac a un trou. C'est un petit trou en vérité, juste de la taille d'une pomme mais elles en profitent pour s'échapper, toutes ! Tom n'a pas envie de les ramasser, il les mettrait où ? Un dernier tir rageur, puis il jette le sachet dans les buissons. — Maudit sac !
Le bout de plastique bleu et blanc pendouille sur l'une des branches, sachet crevé, inutile, abandonné au bord du chemin. — Pourquoi tu pleures ? Tu as du chagrin petit sac ? — Mais qui parle ? Oui, je pleure. On m'a jeté, je ne sers plus à rien. J'ai un tout petit trou mais je perds tout. — Je suis le vent, et je peux t'aider.
Et le vent souffle. Il fait monter le sac vers le ciel, jusqu'aux nuages blancs, le promène parmi les oiseaux au-dessus des toits pointus, des routes pavées et des promeneurs curieux. Soudain, il se met à pleuvoir.
À ce moment précis, Lulu sort du salon de coiffure. De ses beaux cheveux rouges, le coiffeur a fait une véritable œuvre d'art, des boucles légères et gracieuses que tout le monde va pouvoir admirer. — Mais il pleut ! Mon parapluie ! C'est affreux, j'ai oublié mon parapluie ! Lulu court, traverse la place, s'abrite sous un platane. Mais la pluie, même plus timide, est là aussi. Une larme coule sur la joue de Lulu.
