Extrait du livre Léonard, le mouton qui ne voulait pas être tricoté
Léonard, le mouton qui ne voulait pas être tricoté de Mélanie Fortin et Philippe Béha aux éditions Les 400 coups
Léonard, le mouton qui ne voulait pas être tricoté
Léonard vit sur une ferme au pied des montagnes avec des dizaines d’autres moutons. Ils passent tout leur temps entassés les uns sur les autres. On dirait une grande couverture de laine parfaitement tricotée… avec une seule maille à l’envers : Léonard.
Pendant que ses compagnons passent leurs journées à brouter, Léonard a constamment la tête tournée vers le ciel. Son désir de voir le monde prend toute la place dans son cœur et dans sa tête. Il ne pense qu’à ça ! Quand vient le soir, Léonard n’est jamais pressé de rentrer. Le petit mouton aimerait découvrir ce qu’il y a au bout de l’horizon. Le berger le regarde avec amusement : — Ce mouton est différent, dit-il à sa femme. — Mais qu’est-ce que tu racontes !? Les moutons sont tous pareils, se moque la bergère.
Chaque soir, dans la bergerie, les moutons échangent les mêmes mots. — Je souhaite qu’on tire mon lait et qu’on fabrique le meilleur fromage au monde ! dit Bernadette. — Je veux qu’on me laisse brouter toute la journée et qu’on me fiche la paix ! rouspète Hector dans un coin. — Moi, je rêve qu’on prenne ma laine pour faire les robes des plus belles reines, murmure Lilas. — Moi, hésite Léonard, je veux découvrir le monde. — Tu te crois spécial ? lance Hector en ricanant méchamment. Tu te penses plus exceptionnel et plus intelligent que nous, c’est ça ?
Le soir, avant de s’endormir, Léonard s’imagine survoler les montagnes, flotter parmi les nuages et planer au-dessus des mers ! Il y pense si fort qu’il respire l’air marin et sent le vent dans sa laine. Il doit trouver le moyen de voler, c’est la meilleure façon d’explorer le monde. Quand il s’endort enfin, il rêve de pays inconnus et de nouveaux amis.