Extrait du livre Les Jardins Divari
En faisant le tour de son jardin ce soir-là, Monsieur Divari était satisfait : dans le potager, les grosses caisses s’arrondissaient, de nouvelles clarinettes étaient apparues et les flûtes traversières croissaient à vue d’œil ; le verger voyait de nouveaux violons s’épanouir chaque jour et les plates-bandes étaient pleines de petits piccolos, fait rare en cette période de l’année.
Monsieur Divari faisait pousser des instruments de musique depuis son plus jeune âge et avait acquis un savoir-faire que nul autre au monde ne possédait. Ses cordes et ses percussions étaient d’une qualité si exceptionnelle que les plus grands musiciens venaient de toutes parts pour les lui acheter. Ses cuivres avaient une sonorité presque magique et ses instruments à vent étaient un pur enchantement.
Tandis que le soleil se couchait du côté des plants de contrebasses, Monsieur Divari songeait, le poids de son corps reposant en partie sur sa canne vermoulue. Il aurait 78 ans le mois prochain et si son métier lui avait forgé au fil des ans un corps robuste et une santé de fer, il sentait qu’il était temps à présent de confier le soin de ses précieuses plantations à des mains plus jeunes et plus vaillantes.
Dès le lendemain, il fit paraître une annonce dans le journal local afin de trouver celui ou celle qui pourrait assurer sa relève. Une fois choisi par Monsieur Divari, l’heureux élu serait formé par ses soins à l’art délicat de la culture d’instruments de musique et hériterait de son inestimable jardin. Les personnes intéressées devaient se présenter aux grilles de la propriété Divari le lundi suivant à seize heures.
La notoriété des instruments Divari était telle… …que l’annonce fit le tour du monde.