Extrait du livre Pourquoi le vent est-il transparent ?
Dans des temps reculés, le vent avait une couleur.
En réalité, chaque vent avait une couleur. L'air prenait ainsi des teintes très variées selon les jours. Cela présentait un côté pratique puisqu'on pouvait ainsi les repérer d'un seul coup d'œil.
La tramontane, ce vent froid du nord-ouest, était vert foncé. Le mistral, cet autre vent du nord, était bleu outremer. Quant au sirocco, qui vient d'Afrique, il était jaune d'or.
Quand on mettait le nez dehors, on pouvait parfois dire : « Tiens, tout est orange, c'est le marin ! » Le marin, un vent du sud, était orange et quand il soufflait, un voile orange se posait sur le monde : les motos, les cochons, les bananes, les routes, les gens, tout semblait orange.
On n'arrivait plus à discerner les grosses oranges des petits pamplemousses, ni les ânes des zèbres, puisqu'on ne voyait plus les rayures.
Même une petite bise bleu pâle, toute légère et sans prétention, transformait le monde qui prenait irrémédiablement la couleur d’un ciel d’été, jusqu'à ce que le vent tourne.