Extrait du livre Sabi et Tereza
Sabi et Tereza La nuit du trésor de Jane Bouvier et Diane Morel aux éditions La Pimpante
Chers enfants, Vous allez découvrir dans ce beau livre comment vivent Sabi et Tereza. Vous allez être étonnés de voir que, malgré la grande pauvreté qui les entoure, ils sont heureux, savent se débrouiller pour étudier le mieux possible et sont intelligents. Vous serez sûrement révoltés que nous puissions laisser loger des enfants au milieu des rats et dans des cabanes sans le minimum de confort. Vous êtes vous-mêmes au chaud dans vos maisons, dans vos chambres, sans crainte que les rats viennent vous croquer les oreilles pendant que vous dormez la nuit. Alors comment faire pour que des enfants ne vivent plus dans de telles conditions ? Travaillez à l’école, apprenez vos leçons, écoutez vos instituteurs et vos parents pour que, quand vous serez grands, vous soyez capables de construire de beaux quartiers avec tout ce qu’il faut pour que des petits Sabi et des petites Tereza puissent être, comme vous aujourd’hui, dans de belles maisons bien au chaud. Laurent Desmard Président de la Fondation Abbé Pierre et ancien secrétaire particulier de l’abbé Pierre
Sabi et Tereza La nuit du trésor
Sabi et moi avons le même âge, les mêmes parents, le même grand frère, la même maîtresse à l’école, les mêmes copains et les mêmes devoirs à faire le soir. Seuls nos anniversaires sont différents. Je suis née le vingt-quatre décembre, un peu avant minuit. Sabi, lui, s’est fait attendre et a pointé le bout de son petit nez quelques minutes plus tard, le jour de Noël. Maman dit que nous sommes ses plus beaux cadeaux de la vie, elle nous considère, lui et moi, comme les neuvième et dixième merveilles du monde, même si quelquefois nous l’épuisons. Je trouve Sabi tout de même plus fatigant que moi. Nous vivons le long d’une voie rapide avec papa, maman et Salajan, notre grand frère, huitième merveille du monde.
Notre maison est toute petite. Nous habitons à cinq dans une cabane que papa et Salajan ont construite à partir d’objets trouvés : des planches, de vieilles portes, des fenêtres et plein d’autres choses encore. Je suis fière de notre maison. Maman et moi l’avons décorée tellement joliment avec des tissus de toutes les couleurs, nous en avons accroché à tous les murs et même au plafond. En plus, cela aide les jours de pluie. Papa a conçu un coin cuisine à l’entrée, séparé de la pièce à vivre, afin de nous éviter de dormir dans les odeurs de soupe et de friture. Mon papa pense à tout. Ce dont nous avons besoin est à portée de main, chaque chose a sa place.
Sur notre lieu de vie, il y a plein de maisons comme la nôtre et toujours des copains avec qui s’amuser. Lorsque nous n’avons pas école, nous jouons à cache-cache car il y a des tas de super cachettes. Il faut juste faire attention aux rats, parce qu’ils sont nombreux. J’adore les animaux mais les rats me font sursauter lorsque je les vois sur mon lit, la nuit. Nous aimons aussi jouer au jeu du loup, mais ce que je préfère, ce sont les matchs de foot avec les garçons... quand ils sont d’accord pour que les filles participent. Et pas seulement pour aller chercher le ballon ou faire les arbitres.
Notre école s’appelle l’école élémentaire Rose Place. Je trouve cela tellement joli. Mon école a un nom de fleur… Un nom de fleur. Quel souvenir, je n’oublierai jamais ce moment. Un soir, alors que Salajan et moi rentrions de la borne où nous récupérons l’eau, maman s’est exclamée : – Les enfants, vous allez enfin pouvoir aller à l’école ! Une dame de la mairie m’a appelée, vous êtes inscrits à l’école Rose Place et la directrice vous attend dès lundi à huit heures vingt. – Youpi maman, c’est génial ! me suis-je écriée, avant de détaler pour l’annoncer à Sabi. Je l’ai trouvé derrière la cabane de son ami Claudiu. Tous deux y avaient recueilli un petit chaton noir et blanc tremblant de froid et essayaient de le réchauffer. – Sabi, demain on va à l’école ! – Ah d’accord, a-t-il marmonné sans même lever la tête. On va faire quoi, enfermés toute la journée à l’école, Tereza, tu le sais, toi ? Je te préviens, je veux être dans la classe de Claudiu, je n’irai pas si je ne connais personne.