Extrait du livre 38 perroquets
Le boa, dressé au dessus des herbes, dévisageait quelque chose avec une grande attention. Le singe s'approcha sur la pointe des pieds, quelque chose rampait dans l'herbe. - ça rampe ? murmura le singe. - ça rampe, soupira le boa. ça rampe, ça n'arrête pas de ramper. - Et qu'est-ce que c'est ? demanda le singe. - C'est moi qui rampe ! dit le boa. - Toi ? s'étonna le singe. Et où rampes-tu comme ça ? - Ici. Je rampe ici, bougonna le boa en ramenant au-dessus des herbes son corps si long.
Le singe connaissait le boa depuis très très longtemps, mais il n’avait pas souvent eu l’occasion de le voir en entier. - Oh ! s’émerveilla le singe. Comme tu es... - Comme je suis quoi ? interrompit le boa. - Long, dit le singe. Très long. - Ça, je le savais, soupira le boa déçu. Mais je suis long comment ? - Tu es très très long. - Très très long, répéta le boa, pensif.
Le boa avait vraiment l’air embarrassé. - Qu’est-ce qui te tourmente ? demanda le singe. - Attends, ne me dérange pas, répondit le boa. Je prends une décision. - Tu prends une décision ? se réjouit le singe. Mais est-ce que tu t’y prends correctement ? Car on peut en prendre une cuillerée à café toutes les deux heures, ou on peut en prendre deux fois par jour avant les repas. Comment t’y prends-tu ? - Ça y est, j’ai pris ma décision ! J’ai décidé... de me mesurer.
- De te mesurer ? Quelle merveilleuse décision, quelle décision superbe. Et le singe se mit à chanter : Le boa veut connaître sa taille ! Quelle grande décision, Car il est le plus long, De plusieurs fois le plus long ! - Eh oui ! soupira le boa. Pour l’instant, on n’en sait rien. - Comment vas-tu te mesurer ? demanda le singe.
- A vrai dire, avoua le boa, de moyen je n’en connais aucun. - Donc tu ne sais pas comment connaître ta taille, s’attrista le singe. Sa tristesse était si grande qu’il se remit à chanter : Voici la tête, voici la queue. La taille est là, entre les deux. Le plus grand du boa c’est sa taille. Elle est longue, c’est bien vrai, Mais pour la mesurer ... Ne le savent ni la tête, ni la queue. - Oui, c’est compliqué, acquiesça le boa. - Peut-être pas. J’ai une idée, dit le singe. Il faut d’abord que tu te plies en deux. Vas-y !