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Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus

Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus

9-12 ans - 29 pages, 2356 mots | 19 minutes de lecture | © Les 400 coups, 2019, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus

Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus

Dans Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus, François Gravel s’interroge sur les curiosités de la langue française et s’en amuse.

 Il va même jusqu’à mélanger l’anglais au français pour s’entortiller les mots et la tête encore plus.

Cet album a été sélectionné pour le Prix Des liv’Retz vous - Bibliothèques du Pays de Retz (Sud Bretagne – France) 2020 et a reçu le Prix Lux Illustration, catégorie Édition, 2019.

"Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Dans la même collection : Voir plus

Extrait du livre Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus

Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus de François Gravel et Laurent Pinabel aux éditions Les 400 coups


Branchez-vous ! Et autres poèmes biscornus
1 Si je vous reçois, Je suis votre hôte. Si vous venez chez moi, Vous êtes mes hôtes. Il faudrait se décider ! Si je ne connais rien au hockey, Je ne suis qu’un amateur. Mais si j’en suis passionné, J’en suis un grand amateur. Il faudrait se brancher ! Quand quelqu’un me donne son appui, Je le remercie. Mais quand mon patron me congédie, On dit qu’il me remercie. Il faudrait se faire une idée ! Si je dispose d’une grande fortune, C’est que je suis riche. Mais un abri de fortune Ne vaut pas mieux qu’une niche. Pourquoi est-ce si compliqué ? Quand je suis en mauvaise posture Et que je me serre la ceinture, Je me retrouve dans de beaux draps ! Alors quand ça va bien pour moi, Suis-je dans de mauvais draps ? Si les chiens sont nos fidèles amis, On devrait qualifier de chiens Les gens qui sont gentils Et parler d’un temps de chien Quand le soleil luit. Pourquoi dit-on « au beau milieu d’une histoire », Mais jamais « aux beaux trois quarts ? » Pourquoi parle-t-on des quatre coins du monde Alors que la terre est ronde ? Lundi, mardi, mercredi, Jeudi, vendredi, samedi. Pourquoi pas manchedi ? Si je rencontre l’inventeur de notre langage Je vais lui dire deux mots !
2 Je mange du foie chaque fois Que je cours dans ma cour. C’est plus court, Ma foi ! Quand le maire va vers la mer Avec ma mère, Il prend un verre vert Près du chemin de fer Et fait des vers Pour les vers de terre. N’essayez pas de le faire taire ! S’il boit trop de verres, Le maire sera soûl Et perdra ses sous Sous l’eau. On le verra faire des sauts Par-dessus le seau C’est un peu sot ! Son frère, monsieur le comte, Compte ses contes près du mur. Il mange des mûres trop mûres Et d’autres qui sont sures. Il les mettra en lieu sûr, c’est sûr !
3 Si un de tes oncles est un thon et un autre, un taon, Et si le thon est coiffeur et tond l’autre tonton, Tu peux dire que ton tonton thon tond ton tonton taon !
4 Où vis-je, où vais-je ? À quoi sers-je, pourquoi cours-je ? T’avertis-je de mon vertige ? Exigé-je que je me corrige ? Mangé-je une orange, Ou me vengé-je et la rangé-je ? M’arrangé-je ou me dérangé-je ? Me désagrégé-je ou me désintéressé-je ? Pourquoi inverse-t-on les pronoms Quand on se pose des questions ?
5 Lorsque je vous vis, Tout de suite vous me plûtes. Bien vite vous voulûtes Que j’entrasse dans votre vie. Vous m’offrîtes de si bonnes frites Que vous m’épatâtes, Et de si bonnes pâtes Que vous m’éblouîtes. Nous nous embrassâmes Dans notre lit de plumes Et tant nous y plûmes Qu’endormis nous tombâmes. De la musique nous mîmes Et aux mimes, nous jouâmes. Si longtemps nous nous amusâmes Que faire faillite nous faillîmes ! Mais, hélas ! Vous fumâtes, Et bientôt si enfumés nous fûmes Que vous vous enrhumâtes Et le rhume, tous deux nous eûmes. Ainsi notre passion Se termina en queue de poisson. Il n’eût pas fallu que nous toussassions.
6 Voulez-vous devenir un magicien réputé ? Développez votre dextérité Et entraînez-vous à bien articuler ! Abracadabra n’est pas facile à prononcer, Et prestidigitateur encore moins ! On m’a même dit que certains magiciens Savent conjuguer le verbe abracadabrantiser ! Au présent, c’est comme le verbe aimer, Mais un peu plus compliqué : J’abracadabrantise, tu abracadabrantises Et ainsi de suite jusqu’à ils abracadabrantisent. On peut abracadabrantiser à l’imparfait Ou au subjonctif imparfait. Que j’abracadabrantisasse, Que tu abracadabrantisasses… Il y a même un subjonctif plus-que-parfait : Que j’eusse abracadabrantisé, Que tu eusses abracadabrantisé… Mais au fait, pourquoi un subjonctif imparfait Et même plus-que-parfait, Alors qu’il n’y en a pas de parfait ? À bien y penser, Je crois que mime je deviendrai !
7 Un sujet, un verbe, puis un complément. En français, il en est ainsi le plus souvent. C’est ce que j’ai appris quand j’étais enfant. Mais les poètes agissent autrement. Lorsque embêtés ils sont, Des inversions ils font. Si rime ils ne trouvent pas pour le mot « ange », De se gratter la tête Aussitôt ils arrêtent Et les mots alors ils mélangent ! Moi, je dis que juste ce n’est pas Ils se donnent vraiment tous les droits !
8 Accrocher des mots à d’autres mots, C’est à la portée du premier idiot. Rien ne sert de se creuser le cerveau. Organiser ces mots pour qu’ils soient intéressants Sans devenir ennuyants Tout en les faisant rimer en même temps, Il faut pour cela travailler longtemps. Croyez-moi, ce n’est pas évident ! Harassés vous serez pour dénicher des rimes riches Et encore plus pour composer un a c r o s t i c h e !