Indigo

Indigo

6-8 ans - 20 pages, 1317 mots | 11 minutes de lecture | © Utopique, 2014, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Indigo

Indigo

En ce temps-là, j’étais d’un bleu si bleu, d’un bleu si merveilleux, que de mémoire d’homme on n’avait jamais vu oiseau plus beau. J’étais plus fier qu’un paon. Si fier que je me pavanais devant tous les animaux. Si fier qu’un jour, j’osai même me comparer au Soleil...

Cet album a fait partie de la sélection Lire et Faire lire 2015.

"Indigo" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Indigo

Indigo de Pascale Maupou Boutry et Régis Delpeuch Utopique éditions Conteuse | Clémentine TEILHET Chant | Stéphanie JOIRE Claviers & samplers | Didier JEAN Guitare électrique | Alain TEILHET Charleston & percussions | Serge DEMEYER Cymbale | Dorian JEAN Composition, arrangements, enregistrement & mixage | Didier JEAN


Indigo
En ce temps-là, j’étais d’un bleu si bleu, d’un bleu si merveilleux, que de mémoire d’homme on n’avait jamais vu oiseau plus beau. J’étais plus fier qu’un paon. Si fier que je me pavanais devant tous les animaux. Si fier qu’un jour, j’osai même me comparer au Soleil. Aussitôt, celui-ci se mit dans une colère à faire pleurer les nuages. – Qui es-tu pour oser te mesurer à moi ? Moi qui depuis la première seconde du premier jour où naquit la Terre suis pour elle source de chaleur, de lumière et de vie. – Mais, Soleil… – Il n’y a pas de « mais » ! Puisque ta beauté t’aveugle, je vais t’en défaire !
À peine le Soleil eut-il ravalé sa colère que mes plumes devinrent grises comme la cendre. Honteux, j’allai me cacher, plus triste et plus seul que l’être le plus triste et le plus seul de tout l’univers. Ayant perdu le goût de vivre et de voler, je dépérissais. Jusqu’au jour où la Terre en eut assez de me voir dans cet état. – Oiseau, reprends ton vol et parcours le monde. – À quoi bon ! répondis-je. – Ouvre tes yeux. Ouvre ton cœur. Alors, tu retrouveras tes couleurs. Ne sais-tu pas que l’on me nomme la planète bleue ? Ne sais-tu pas que tous les bleus sont en moi : bleu nuit, bleu saphir, bleu cobalt, bleu céleste, bleu égyptien… et tant d’autres. À toi de les trouver ! À toi de les mériter !
Cette bonne vieille Terre a raison, me dis-je, ce ne sont pas les bleus qui manquent. Je dois pouvoir retrouver facilement ma légendaire beauté. Gonflé d’espoir et d’un reste de vanité, j’avalais plaines et montagnes, filant à tire-d’aile vers la mer la plus proche. Je plongeais dans la grande bleue puis remontais jusqu’au firmament, inlassablement, tel un yoyo au fil invisible. J’avais beau fendre tous les océans, tous les lacs, tous les fleuves, pas le moindre reflet bleuté ne vint éclairer mon terne plumage. – Ouvre tes yeux ! Ouvre ton cœur !  me susurrait la Terre.
S’ils ne se trouvaient ni dans l’eau ni dans le ciel, mes bleus étaient sûrement dans le suc des fleurs ou dans la chair des fruits. Alors, je butinais ou picorais lilas de Californie, clématites, muguet du Japon, myrtilles, airelles, ancolies, arbres aux papillons, prunelles… Hélas, mes plumes ne se teintaient toujours pas. – Ouvre tes yeux ! Ouvre ton cœur !  répétait la Terre.
Ouvrir mes yeux ? Ouvrir mon cœur ? À qui ? À quoi ? Pour qui ? Pour quoi ? Où que je sois, j’étais confronté à ma splendeur passée : l’éclat des papillons morphos au plus profond de la forêt amazonienne, la grâce des paons sauvages de Nouvelle-Zélande et même ce vol d’aras jacinthe que je suivais en enviant leur bleu cobalt. Moi… moi qui avais été le plus beau de tous les oiseaux, envier de vulgaires perroquets !