Extrait du livre Jeannot-Loup et le cruel Albert
Jeannot-Loup et le cruel Albert de Fanny Joly et Volker Theinhardt aux éditions Fanny Joly Numérik
Jeannot-Loup et le cruel Albert
C’est une famille de loups. Tout le monde sait que les loups sont sauvages, cruels et violents. Eh bien, ces loups-là sont encore plus sauvages et plus violents que ça !
Dans cette famille de loups, par exemple, Albert, le père loup, a fabriqué une brosse en fil de fer barbelé. Il oblige Freddy, son loup aîné, et Colette, sa louvette, à se frotter le dos avec pour se durcir le cuir. Et ce n’est pas tout ! Freddy doit aussi se muscler en soulevant des menhirs et Colette doit s’aiguiser les crocs en croquant des bûches. Pas des bûches en chocolat, non, des bûches en bois !
Albert le loup et sa famille font régner la terreur dans le quartier. Ils attaquent tout, ils attrapent tout, ils tuent tout et n’importe quoi. Dès qu’ils voient quelque chose bouger, ils se jettent dessus, même une musaraigne, même une grenouille, même une coccinelle, même un brin d’herbe ! Ils n’en ont jamais assez.
Bien sûr, ils n’arrivent pas à tout manger. Il faut stocker. Albert le loup a construit un garde-manger, puis un deuxième garde-manger, puis un troisième garde-manger, en creusant la terre sous la tanière. Nuit et jour, ils sont obligés de pédaler tour à tour sur le pédalo-frigo qu’Albert a inventé pour garder les réserves au frais. Quand Albert donne un coup de sifflet, ils se relaient.
Pourtant, malgré toutes leurs provisions, Albert et sa famille ne sont jamais tranquilles. Car même chez eux, ils s’attaquent entre eux. Albert a collé au mur un tableau d’horreurs où il note les exploits de chacun. Attaquer un mouton vaut un point, un renard, deux points, un sanglier, trois points. En dessous du mouton, ça vaut zéro, Mais attaquer sa sœur ou son frère vaut dix points, attaquer sa mère dix points et demi. Ce qui rapporte le plus gros, c’est d’attaquer Albert : cinq cents points ! Mais personne n’ose s’y risquer…
Surtout que ces derniers temps, Albert est de mauvaise humeur. Une chose le contrarie beaucoup : son dernier loup, Jean-Loup, ne lui ressemble pas, mais alors pas du tout ! À la naissance, d’abord, il était blanc. Albert a bougonné. - Raaaaahh ! Il va être salissant ! Ensuite, les yeux de Jean-Loup se sont ouverts. Quelle surprise, ils étaient verts ! Simone, la mère louve, trouvait ça plutôt joli. Mais à force d’entendre râler son mari, elle s’est mise à dire comme lui : - Des yeux verts ! C’est malin ! Qu’est-ce qui lui prend à celui-ci ?