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Drôle de cadeau

Drôle de cadeau

6-8 ans - 29 pages, 2886 mots | 23 minutes de lecture | © Fanny Joly Numérik, 1996, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Drôle de cadeau

6-8 ans - 23 minutes

Drôle de cadeau

Dans cinq jours, c'est la fête des pères et Marie-Lou n'a pas de cadeau. Le ouistiti qu'elle a fait à l'école est raté. Ses autres idées sont trop difficiles à réaliser. Et sa tirelire désespérément vide. Pourtant, Marie-Lou est bien décidée à offrir à son papa un cadeau magnifique, surprenant, original. Un cadeau qu'il n'oubliera jamais. Et quand Marie-Lou a décidé quelque chose...

"Drôle de cadeau" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Drôle de cadeau

Drôle de cadeau de Fanny Joly et Roser Capdevila aux éditions Fanny Joly Numérik


Drôle de cadeau
1. L'enfer des ouistitis Le cadeau de la fête des Mères, cette année, ça a été super : la maîtresse nous a fait faire un bougeoir avec une boîte de camembert. Quand Maman a ouvert son cadeau, elle a dit : « c'est magnifique » au moins six fois. Elle a même accepté d'allumer la bougie sur la table du petit déjeuner. C'était... magnifique, il n'y a pas d'autre mot.
Pour la fête des Pères, ça s'est beaucoup moins bien passé. Dès le lendemain de la fête des Mères, la maîtresse nous a demandé : — Bon, et maintenant, les enfants, vous avez pensé un peu à la fête des papas ? On s'est tous regardés. A mon avis, ce matin-là, la plupart d'entre nous pensaient encore à leur oreiller. Surtout moi. La maîtresse a sorti de son cartable une page découpée dans un journal : — Eh bien, moi, j'y ai pensé : regardez ! C'était la photo d'un petit singe vert avec un short écossais et des bretelles rayées. Il y a eu des « ah ! » et des « oh ! ». — Il vous plaît, mon ouistiti ? Ça vous dirait de faire le même pour la fête des Pères ? — Mais ça sert à quoi ? a demandé Bertrand Gagnaud. La maîtresse a haussé les épaules : — Je ne sais pas, moi, à tout, à rien, à faire un souvenir... Mais si ça ne vous plaît pas, on laisse tomber et on fait du français ! Là, tout le monde s'est réveillé d'un coup :
— Ça nous plaît ! Ça nous plaît ! La maîtresse a dit qu'on ferait nos ouistitis le lundi, à la place du cours de dessin. Ça nous laissait quatre lundis avant la fête des Pères, le 9 juin. Le premier lundi, on devait couper la forme des ouistitis dans du papier... Déjà rien qu'en papier, mon ouistiti était bizarre. Le lundi d'après, en tissu, ça n'allait pas mieux. Au contraire. Il avait un bras énorme, l'autre tout riquiqui et sa tête n'était pas au milieu. Le troisième lundi, quand on a commencé à coudre, ça a été de pire en pire. Ce petit singe, qui avait l'air si gentil sur la photo, entre mes mains, il devenait ensorcelé. Il se tortillait comme pour échapper à l'aiguille. Mes points étaient toujours trop grands ou trop petits et mon fil toujours en train de faire des nœuds.
Le dernier lundi, j'ai fait le tour des ouistitis de la classe. Aucun n'était vraiment réussi. Mais le mien était de loin le plus raté. On aurait dit qu'il était passé sous un camion. Ou dans une friteuse. Ou les deux.
2. Pauvre papa ! Le soir, quand papa est rentré, j'ai repensé à mon ouistiti et j'ai eu pitié. De papa bien sûr. Pauvre papa, qui travaille toute la journée pour me payer des robes, des billes, des yaourts aux fruits, il ne mérite pas un beau cadeau, lui ? Du coup, je lui ai fait deux gros bisous sur chaque joue pendant qu'il accrochait
son imper dans l'entrée... Il a froncé les sourcils et m'a demandé, un peu inquiet : — Qu'est-ce qui se passe, Marie-Lou, tu as eu une mauvaise note ? — Ben non, pourquoi ? Je te fais juste des bisous, mon papachou. Il a eu l'air encore plus inquiet. J'ai senti que ce n'était pas le moment de lui annoncer mon 2 en dictée... Après le dîner, je suis montée discrètement. J’ai déballé mon ouistiti, je l'ai bien regardé, de face, de profil. J'ai essayé de m'imaginer que j'étais papa et que ma fille venait de me l'offrir. Ça a fini de me convaincre : pas question de le lui offrir. Voilà comment j'ai décidé de lui faire un autre cadeau. Et de le faire moi-même. Car aucun cadeau n'a autant de valeur que ceux qu'on fait soi-même. C'est tante Marinette qui l'a dit. Un autre cadeau, d'accord, mais quoi ? J'avais cinq jours devant moi. Une cravate ? Trop banal. Un carnet ? Pas rigolo. Un stylo ? Trop dur à faire. Comme ça ne venait pas assez
vite, j'ai fait un coup de « poirier-inspireur ». C'est une technique que j'ai inventée : vous vous mettez debout sur la tête et vous tapez les jambes contre le mur. Ça fait descendre l'inspiration vers le cerveau. Vous pouvez essayer :ça marche. La preuve : avant même que maman mette le lave-vaisselle en route, j'ai trouvé une super idée. Puisque papa s'embête chaque jour au bureau, il lui faut un cadeau qui soit tout le contraire, qui lui fasse penser à la liberté, aux glouglous, à ce qu'il aime par-dessous tout : la pêche à la ligne. Ni cravate, ni carnet, ni stylo. Tallais lui fabriquer une canne à pêche. Le mercredi, j'ai exploré la maison à la recherche de matériel. J'ai trouvé un tuyau. Très beau, mais trop gros. Une tringle à rideaux ; pas mal, mais trop lourde. J’ai fait des essais avec des aiguilles à tricoter. Il en faut au
minimum trois. Et pour les faire tenir ensemble, bon courage : la colle, ça ne colle pas ; le scotch, ça se déchire ; la ficelle, ça fait bricolé... Et tout à coup, je me suis souvenue de Robinson Crusoé pêchant avec une branche d'arbre. Moi qui cherchais dans la maison ! La solution est dans la nature, bien sûr ! J’ai couru au petit square à côté pendant que maman téléphonait. Là, j'ai attendu, attendu, attendu... Entre le monsieur qui faisait faire pipi à son chien qui n'avait pas envie, la dame qui promenait son bébé et les amoureux qui se bécotaient, j'ai cru que je n'y arriverais jamais. Finalement, vers midi moins dix, j'ai eu un moment tranquille.