Extrait du livre La folle soirée de Gudule
La folle soirée de Gudule de Fanny Joly et Roser Capdevila aux éditions Fanny Joly Numérik
La folle soirée de Gudule
Je m’appelle Gudule. J’ai un tutu de danse génial, un monstre intersidéral et une magnifique collection de trois cent dix-sept petits-suisses vides rangés en forme de pyramide.
Ma Maman est souvent gentille. Mon Papa sait faire bouger ses oreilles. Tout allait bien pour moi quand soudain mes parents ont eu une drôle d’idée : ils ont fabriqué un bébé. C’est mon petit frère : il s’appelle Gaston. Maman l’appelle son Choupignou. Et Papa son Champignon. Moi je n’ai pas besoin de l’appeler : il me suit partout.
Parfois ça va : j’ai le temps de m’occuper de lui. Je lui apprends des choses utiles, je le coiffe, je le maquille, je lui montre comme je danse bien, comme je dessine bien, comme je fais bien le poirier sur les mains…Mais je ne peux quand même pas passer toute ma vie avec lui. J’ai des choses à faire, moi aussi !
L’autre jour, justement, j’étais occupée à faire des bulles de chewing-gum derrière le rideau du salon quand j’ai vu Maman passer, les bras chargés de paquets. J’ai collé mon chewing-gum dans un coin et je suis sortie de ma cachette. Maman était déjà en train de mettre la table avec une belle nappe, des beaux verres, des belles bougies… « Ce n’est pas mon anniversaire ! », je lui ai dit.
Je n’aurais pas dû parler si fort. En entendant le mot « anniversaire », mon petit frère a commencé : « Mon niversaire ! Veux mon niversaire ! - Du calme, mon Choupignou ! a dit Maman Ce n’est l’anniversaire de personne : on a juste des invités à dîner. - Des invités ? Qui comme invités ? Et il y aura quoi à manger ? j’ai demandé.
- Mon niversaire ! Veux mon niversaire ! » hurlait Gaston. Maman lui a répondu : « Ne pleure pas, mon Bébé-Trésor ! Ton anniversaire reviendra l’année prochaine : - Mon niversaire ! Veux mon niversaire ! » Quand mon petit frère démarre dans ce genre-là, impossible de l’arrêter. Maman a respiré à fond comme quand elle décide de ne pas s’énerver. Puis elle m’a dit : « Gudule, je dois préparer le dîner, tu peux jouer un peu avec Gaston, s’il te plaît ? »