Extrait du livre Le coq de Notre-Dame
Le coq de Notre-Dame de Géraldine Elschner et Rémi Saillard aux éditions L'Élan vert
Le coq de Notre-Dame
Atypique ! Unique ! Vue imprenable sur Paris. À 93 mètres de hauteur, 360 degrés de liberté ! Pas de vis-à-vis. Jeux d’ombres exceptionnels sur les nuages. À découvrir absolument ! (Cinquième étage sans ascenseur.) J’étais bien là-haut, dans mon petit coin de paradis. Le plus beau logis de Paris. Faramineux. Époustouflant. Décoiffant même, les jours de grand vent ! Mais j’aimais ça. On naît girouette, ou on ne l’est pas.
Pour arriver chez moi, il fallait longer deux étages de merveilles que, toute la journée, des gens du monde entier venaient visiter. Le son de l’orgue y résonnait, les chants me berçaient, les cloches rythmaient mes journées. Au troisième étage, une petite porte s’ouvrait sur une forêt de chênes enchevêtrés. Ah, l’odeur particulière de ces troncs centenaires… Après l’avoir traversée, restait à grimper un dernier escalier. Puis, au sommet de la flèche, le ciel s’ouvrait enfin sur…
… sur moi ! Moi qui trônais sur la ville, moi qui veillais sur la maison. Ces derniers jours cependant, une nouvelle odeur faisait frémir mes barbillons. Rive droite en effet, trois poulettes venaient d’emménager dans un joli jardinet. L’une d’elles gloussait à donner le vertige. Mon cœur de girouette ne fit qu’un tour. Chaque matin dorénavant, je me mis à chanter, rien que pour elle. Ma douce, ma belle, mon Esmeralda ! Je n'avais plus qu’une envie : la rejoindre à tire-d’aile. Seulement voilà. J’étais cloué sur mon trône, tout seul, au sommet de ma flèche. C’était à en pleurer. Un soir pourtant, tout bascula.