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Le tyran des mots

Le tyran des mots

9-12 ans - 35 pages, 1568 mots | 14 minutes de lecture | © MØTUS, 2023, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Le tyran des mots

9-12 ans - 14 minutes

Le tyran des mots

Dans un royaume lointain, un horrible tyran persécute son peuple. Redoublant d’imagination pour conserver son trône, il décide un jour d’interdire aux habitants de prononcer certains mots, dans l’espoir de mieux contrôler leurs pensées. Peu à peu, les mots disparaissent, puis les émotions, puis les pensées et enfin, la liberté elle-même n’est plus que peau de chagrin. Mais les hommes, les femmes et les enfants du pays n’entendent pas se laisser dicter leur conduite si facilement. Ils vont s’organiser et créer un mouvement qu’ils nomment « Les Mots Tus ». Par le biais de la langue des signes et du silence, ils vont mener la révolution si redoutée par le tyran.

"Le tyran des mots" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Mina

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Extrait du livre Le tyran des mots

Le tyran des mots des Rémi David et Valérie Michel aux éditions Motus


Le tyran des mots
Dans un pays dont il vaut mieux taire le nom, un horrible tyran régnait depuis longtemps. Comme nombre de tyrans, il répétait sans cesse qu’il aimait son pays et qu’il aimait les gens. Mais ce qu’il aimait surtout, ce n’était pas son pays : c’était principalement le pouvoir et l’argent.
Plus les années passaient, plus le tyran sentait grandir en lui une peur qui devint obsédante : c’était que l’on décide de mettre sur le trône quelqu’un d’autre que lui. Car dans tout le royaume, un mot se chuchotait : c’était révolution.
Il avait déjà fait enfermer, torturer tous ceux qu’il avait su être opposés à lui. Pourtant rien n’y faisait : le mot continuait sans cesse de gronder, comme une colère qui monte. Chaque jour le tyran s’efforçait de trouver une idée pour ne pas qu’on le chasse du trône. Il cherchait, il cherchait... mais avait beau creuser, il ne parvenait pas à trouver comment faire.
"Bien sûr, mais c’est bien sûr ! Mais comment se fait-il que je n’y aie pas pensé ? C’est pourtant évident ! Ceux qu’il me faut combattre, qu’il faut emprisonner, ce ne sont pas les gens, mais non : ce sont les mots !" "Si je fais disparaître le mot révolution, plus personne ne saura ce qu’est une révolution. Et ne sachant pas ce que c’est, pas même que ça existe, personne ne la fera, cette révolution !"
Le tyran fit savoir qu’il tiendrait prochainement une grande réunion à laquelle tout le peuple pourrait participer, qui serait l’occasion de pouvoir lui poser n’importe quelle question et serait retransmise partout dans le royaume. "Il va encore, je pense, augmenter nos impôts et s’en mettre plein les poches." "À mon avis, il va dire qu’il déclenche une guerre." "Et s’il avait enfin pris la résolution de se retirer du trône ?"
Après quelques questions qui furent toutes posées par simple politesse, quelqu’un leva le doigt : "Que pensez-vous des bruits qui courent dans le royaume d’une révolte ou bien même d’une révolution ?" Le tyran n’attendait que cette question-là. "Ne parlez pas de révolte ni de révolution. Ces mots sont tous les deux des termes inacceptables dans notre bel État. Si vous les employez, c’est que vous devez être une ennemie de la paix ! À partir de maintenant, il sera interdit de dire, de chuchoter, de hurler ou bien même de mentionner le mot révolte ainsi que le terme révolution. M’avez-vous bien compris ?"
Dès le lendemain, des hommes, des femmes et des enfants furent arrêtés, car ils avaient osé dire l’un des mots désormais interdits dans le pays. La répression fut telle que, très vite, plus personne n’osa les prononcer, d’autant plus que partout des micros furent posés. Certains dans les écoles, les collèges, les lycées, les universités, d’autres, dans les maisons, les parcs, les magasins. Il y en avait même de cachés aux toilettes.