Les jours noisette

Les jours noisette

9-12 ans - 19 pages, 1014 mots | 9 minutes de lecture | © Utopique, 2012, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Les jours noisette

9-12 ans - 9 minutes

Les jours noisette

Une heure. Une petite heure avec lui. À me blottir dans son rire, à respirer son odeur de noisette, à le regarder gonfler ses muscles, bouger ses oreilles, à l’écouter m’appeler « mon fils », à tendre le cou vers les nuages, là, dehors. Une heure de rien du tout. Une heure pour oublier toutes les autres.

Cet album a reçu le Prix franco-allemand pour la littérature de jeunesse 2015, organisé par la Fondation pour la coopération culturelle franco-allemande et le Salon Européen du Livre Jeunesse. Il a également fait partie de la sélection des Bonnes lectures 2014 du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil.

"Les jours noisette" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Nicolas

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Extrait du livre Les jours noisette

Les jours noisette d'Emmanuel Bourdier & ZAÜ aux éditions Utopique


14h00 Aujourd'hui, papa sent la menthe. Pas de bol. Je préfère quand il sent la noisette. Papa a deux bouteilles de parfum, toutes deux offertes par mamie. Une à la noisette qui sent la forêt, l'autre à la menthe qui sent les toilettes de l'école. Je lui dis que s'il continue avec ce parfum, quelqu'un finira par tirer la chasse d'eau et qu'il disparaîtra dans le trou. Il me répond qu'avec celui à la noisette, il risque d'être attaqué par un troupeau d'écureuils. Il rigole. Sa dent en or scintille. Ça me fait chaud dans le ventre.
Derrière la menthe, ça sent la cigarette. Papa a recommencé à fumer. C'est la troisième fois en six mois. La dernière fois, je l'avais rouspété à cause du cancer et j'avais écrabouillé son paquet. Il s'était mis très en colère. Une colère sans bruit, sans mots, juste avec les yeux rouges et les poings blancs. Cette fois, je n'écrase rien. Mais je ne suis pas d'accord.
Au début, lorsque les copains me demandaient le métier de papa, je ne savais pas trop quoi répondre. Alors je ne disais rien et je me retrouvais seul au pied du gros tilleul de la cour à chercher du sable doux. Mais maintenant je sais quoi répondre : sculpteur de nuages, dresseur de taupes, inventeur de gros mots. Et leurs rires s'envolent en haut des branches.
Mais le problème c'est qu'il est aussi... créateur de vide, roi des fantômes, fabricant de buée.