Extrait du livre Les minuscules
Les minuscules de Claude Clément et Tildé Barbey aux éditions du Pourquoi pas
Les Minuscules
La guerre durait depuis plusieurs années déjà, avec son lot d’explosions, de terreur, de drames, de souffrances, de destruction.
Mais il fallait bien continuer à faire ce que l’on devait faire, chaque jour. Le travail pour les grands. L’école pour les plus jeunes. Le trajet entre la maison et les lieux où l’on devait aller pour vivre, comme avant. Avant les combats. Avant la peur. Avant la démolition. Avant la douleur. Les enfants continuaient à jouer. Avec n’importe quoi. Des boîtes de conserve. Des morceaux de bois. Des bouts de ficelle.
Et puis voilà. La catastrophe était arrivée. Le jour où elle eut lieu, Bassem se rendait à l’école. Et soudain, il n’y eut plus que ruines autour de lui. Autant dire rien.
Le garçon ne savait où aller. Il voyait bien que sa maison avait été soufflée, réduite à un tas de débris plus ou moins calcinés, éparpillés autour d’un grand trou. Un trou vide de ses parents et de ses deux sœurs. Disparus. Volatilisés. Comme le toit qu’ils avaient réparé l’an passé, abritant le nid douillet de leur appartement, au-dessus du petit magasin créé par le grand-père.