Extrait du livre Marmottos seule contre le Yéti
Marmottos seule contre le yéti de Nathalie Infante aux éditions Marie-Louise
L’automne est arrivé sur la montagne, qui peu à peu change sa parure : Prairies et forêts se couvrent d’or puis, l’hiver venu, ce sera le blanc pur. Végétal, animal, chacun à sa manière s’est préparé à affronter le froid. Les marmottes ont brouté tout l’été pour engraisser, jusqu’à doubler leur poids ! Car, pendant six mois, elles ne mangeront plus et dormiront jour et nuit : On appelle cela l’hibernation, un sommeil très profond qui les met hors circuit. Elles ont creusé de douillets terriers tapissés de foin et d’aiguilles de mélèzes, Dans lesquels elles vont disparaître et s’endormir jusqu’au printemps, à l’aise ! Impossible, alors, de tirer du lit ces petits mammifères grassouillets, Même si, l’hiver dernier, un cri répété a pourtant réussi à les réveiller...
Alors que les marmottes disparaissent une à une dans leurs terriers pour hiberner, Marmottos, quant à elle, est entièrement équipée pour l’escalade et la randonnée. Ses amies, éberluées, intriguées, l’interrogent : « Où vas-tu, Marmottos ? — Je vais régler son compte au Yéti, dit-elle, faire taire cette bête féroce ! L’hiver dernier, souvenez-vous, il a tellement hurlé qu’il nous a réveillées. On l’entendait crier, même les oreilles bouchées et la tête sous l’oreiller ! Vous allez voir : pour calmer le Yéti, je vais mettre la sauce ! — Pur DANGER ! dit Claire, personne n’a jamais pu l’approcher, alors calmos ! Et si tu n’hibernes pas maintenant, au printemps tu ne seras qu’un tas d’os ! » Mais cette Marmottos est têtue : elle s’en va, sac au dos, sans oublier son thermos...
De son petit pas décidé, Marmottos s’est déjà bien éloignée de ses amies. Après avoir traversé la prairie, elle franchit à présent les éboulis. Elle s’arrête pour cueillir des plantes et se retrouve face au Pipit Farlouse. — Où vas-tu, Marmottos ? lui demande ce modeste oiseau posé sur une bouse. — Je vais tout là-haut, régler son compte au Yéti, répond la marmotte. — Et tu comptes l’étrangler avec ta corde ? Quelle sacrée rigolote ! Fais ce que tu veux, dit-il en s’envolant, quant à moi je vais passer l’hiver en Afrique. Là-bas, pas de Yéti, pas de cris, il fait beau et chaud, c’est fantastique ! Notre marmotte reprend son chemin, et chantonne pour se donner de l’entrain : « Yéti, gare à tes os, voici Marmottos ! Yéti, gare à ton arriere-train ! »