Extrait du livre Une drôle de fourmilière
Une drôle de fourmilière de Nathalie Infante aux éditions Marie-Louise
Depuis que l’homme creuse la terre à tort et à travers, Fini pour les fourmis le confort sédentaire ! Car ces nobles petites habitantes des sous-sols, Sont quotidiennement menacées par d’énormes chignoles Maniées par des humains aux vilaines manières, Qui ont peu à peu transformé la planète en gruyère. Secouees par les vibrations, assourdies par les vrombissements, Les fourmis vivent constamment dans la terreur d’un éboulement ! Elles sont régulièrement obligées de déménager, D’aller toujours plus profond, pour éviter ce grave danger.
Alors que toutes les fourmis manient la pelle, Charles-Edouard Le Fourmisier se rebelle. Ses plans roulés sous les aisselles, il dit : « Vous êtes toutes bêtes ! Les humains, avec leurs terribles engins, ont perforé la planète. Alors ça sert à rien de faire des trous dans un gruyère, Autant construire une fourmilière hors de terre ! _ Ça sert à rien de l’écouter ! dit Amédée, il est total toque ! Allez, vous autres, continuez de creuser, ok ? » Disciplinées, les fourmis à cet ordre obéissent, Mais certaines, aux propos du Fourmisier, réfléchissent...
Le Fourmisier a commencé ses travaux en solitaire, Mais très vite il reçoit la visite d’un congénère : C’est Bouli, le chef des réserves, qui vient en curieux. Le Fourmisier lui demande : « Tu es venu m’aider, mon vieux ? _ Je voudrais bien, répond Bouli, mais tu connais les ordres d’Amédée…» À ce moment-là, on entend la terre gronder, Alors Bouli dit aussitôt : « Je reste ! je m’occuperai des provisions, J’élèverai les pucerons et cultiverai les champignons ! Tu as raison, ça sert à rien de faire des trous dans un gruyère, Autant construire une fourmilière hors de terre ! »