Extrait du livre Panique dans l'atelier du Père Noël
Panique dans l'atelier du Père Noël de Karine Tournade & Mélanie Fuentes aux éditions ZTL-ZéTooLu
Panique dans l'atelier du Père Noël
Chapitre 1 La plainte de Barbouillot — ASSEZ ! Nous en avons ASSEZ de travailler dans ces conditions ! hurla le chef des lutins en agitant nerveusement son petit bonnet à grelot. Nous ne pouvons plus continuer à fabri-
quer des jouets de cette façon, Père Noël ! Mes camarades et moi-même sommes débordés, épuisés, à bout de force ! Le Père Noël qui entrait à peine dans l'atelier stoppa net sa arche lente et soupira profondément. Il ne s'attendait pas à un accueil aussi déplaisant. Il était simplement venu faire un tour dans sa fabrique de jouets pour s'assurer que tout fût bien en ordre. À quelques jours de Noël, il était important que tout s'organise dans les temps. Aussi parut-il fort contrarié lorsque le chef des lutins vint se planter devant lui, les poings sur les hanches, le regard furieux et la rage au ventre. D'abord, le Père Noël eut un léger mouvement de recul lorsqu'il vit le lutin se précipiter sur lui. De plus, le petit homme était si irrité qu'il avait prononcé ces paroles en projetant une nuée de postillons. Quand il eut fini d'essuyer discrètement les
verres de ses lunettes, le Père Noël reprit ses esprits et jeta un œil sur l'ensemble de l'atelier. Il découvrit alors une seconde fâcheuse surprise. En effet, il remarqua avec mécontentement que ses lutins avaient cessé leurs activités. Les machines étaient éteintes, la fabrique de jouets était silencieuse, et tous les petits bonshommes verts se tenaient autour de leur chef, la mine fâchée pour certains, désespérée pour d'autres. Chapitre 2 Mais enfin, que se passe-t-il ? Le Père Noël resta un moment stupéfait puis il parvint à articuler de sa voix puissante et douce à la fois : — Mais enfin que se passe-t-il ? Pourquoi m'accueilles-tu
manière si violente, mon cher Petit Barbouillot, toi qui es d'habitude le chef des lutins le plus aimable qui soit ? Et vous, chers amis, pourquoi avez-vous cessé de travailler ? Ne devriez-vous pas être en train de préparer les jouets? — C'est vrai, nous le devrions ! répondit sèchement le chef des lutins toujours en colère, mais nous en avons décidé autrement. Nous ne supportons plus ces conditions de travail intolérables ! Nous allons donc interrompre la fabrication des jouets ! — Comment ?! À quelques jours du soir de Noël ! Mais pourquoi cela ? rétorqua le Père Noël désespéré. Qu'avez-vous donc à me reprocher ? Ne suis-je pas le chef d'atelier le plus juste et le plus gentil qui soit ? — Oh ! rassurez-vous, Père Noël, répondit le lutin avec tendresse, ce n'est pas contre vous que nous en avons. Vous êtes assurément le plus honnête et le plus
généreux fabricant de jouets de notre planète. — Mais alors... ? Si vous n'avez rien à me reprocher, pourquoi cesser le travail ? — Parce que c'est aux enfants que nous en voulons ! — Aux enfants ? s'étonna encore le vieux monsieur. Mais comment peut-on en vouloir aux enfants ? Ils sont ce qui reste de plus délicieux sur la Terre. — Non, Père Noël, vous vous trompez ! reprit le chef des lutins, agité. Les enfants d'aujourd'hui ne sont plus ce qu'ils étaient ! Puis, en tirant nerveusement sur le bas de son petit veston vert, il a jouta : — La situation est grave, très grave ! C'est la crise ! — La crise ?! — Oui ! Mes lutins et moi-même avons donc entrepris de faire la grève !
— La grève ?! Pendant que Petit Barbouillot se plaignait, le Père Noël était allé s'asseoir sur une caisse en bois remplie de poupées. Le vieil homme était robuste mais ce qu'il apprenait le fragilisait. Ainsi, à chaque mot prononcé par le petit lutin, le gros bonhomme semblait s'effondrer un peu plus sur son coffre à jouets. Il parvint tout de même à balbutier : — Mais pou... pou... pourquoi la grève ? — Parce que, conclut le lutin, les enfants sont devenus fous !
Chapitre 3 Les enfants gâtés — Regardez ces lettres, Père Noël ! grogna Petit Barbouillot. Le lutin désigna des piles entières de papiers qui montaient jusqu'au plafond. Il s'agissait de toutes les
lettres au Père Noël des enfants du monde entier. Elles étaient écrites dans toutes les langues : chinois, français, gabonais, russe, pakistanais, et que sais-je encore ! Des dizaines de montagnes de papiers s'entassaient dans l'atelier. — Les enfants sont devenus fous, vous dis-je ! Enfin, souvenez-vous, Père Noël ! Autrefois, les petits plaçaient leurs souliers devant la cheminée et vous y déposiez une petite voiture, un nounours, une poupée, une toupie, ce genre de choses ! Un seul cadeau les contentait ; ils n'en demandaient pas plus. Et n'étaient-ils pas heureux ? L'essentiel était pour eux de trouver un jouet sous le sapin et d'avoir ainsi la preuve de votre passage et de votre existence. Leurs yeux étaient émerveillés lorsqu'ils ouvraient leur paquet. Ils n'avaient pas besoin d'autre chose. — C'est vrai ! dit le Père Noël dans un demi-sourire, car il se