Extrait du livre Hansel et Gretel
Hansel et Gretel des Frères Grimm et de Laura Raynaud aux éditions ZéTooLu
Hansel et Gretel
À l’orée d’une grande forêt vivaient un pauvre bûcheron, sa femme et ses deux enfants. Le garçon s’appelait Hansel et la fille Gretel. En ces temps-là, la famine régnait dans le pays. Lorsque le pain lui-même vint à manquer, le bûcheron rumina des idées noires, une nuit, dans son lit. Il remâcha ses soucis et dit à sa femme : — Qu’allons-nous devenir ? Comment nourrir nos enfants, quand nous n’avons plus rien ? — Eh bien, mon mari, dit la femme, voilà ce que nous allons faire : dès l’aube, nous conduirons les enfants au plus profond de la forêt, nous leur allumerons un feu et nous leur donnerons à chacun un petit morceau de pain.
Puis nous irons à notre travail et les laisserons seuls. Ils ne retrouveront plus leur chemin et nous en serons débarrassés. — Non, répondit le bûcheron, je ne ferai pas cela ! Comment pourrais-je abandonner nos enfants tout seuls dans la forêt ! Les bêtes sauvages ne tarderaient pas à les dévorer. — Oh ! pauvre fou, rétorqua-t-elle, tu préfères donc que nous mourions de faim tous les quatre ? Alors, il ne te reste qu’à raboter* les planches de nos cercueils. Elle n’eut de cesse de répéter son dessein à son mari, qui finalement capitula.
— Mais j’ai quand même pitié de ces pauvres enfants, soupira le bûcheron. Les deux petits n’avaient pas pu s’endormir tant ils avaient faim. Ils avaient entendu ce que la marâtre disait à leur père. Gretel pleura des larmes amères et dit à son frère : — C’en est fait de nous. — Ne t’en fais pas, Gretel, la rassura Hansel. Je trouverai un moyen de nous en tirer. Quand les parents furent endormis, il se leva, enfila ses habits, ouvrit la porte et se glissa dehors. La lune brillait dans le ciel et les graviers blancs, devant la maison, étincelaient comme des diamants. Hansel en mit dans ses poches autant qu’il put.
Puis il rentra dans la maison et chuchota à Gretel : — Aie confiance, chère petite sœur, et dors tranquille. J’ai une solution… Et lui-même se recoucha. Quand vint le jour, avant même que le soleil ne se levât, la femme réveilla les deux enfants : — Debout, paresseux ! Allons dans la forêt y chercher du bois. Elle leur donna un morceau de pain et dit : — Voici pour le repas de midi ; ne mangez pas tout avant, car vous n’aurez rien d’autre.
Comme les poches de Hansel étaient pleines de cailloux, Gretel glissa le pain dans son tablier. Ils se mirent tous en route pour la forêt. Au bout de quelque temps, Hansel s’arrêta et regarda en direction de la maison. Comme il n’avait de cesse de se retourner, le père dit : — Que regardes-tu, Hansel, et pourquoi restes-tu toujours en arrière ? Avance ! Mais, à chaque arrêt, il prenait un caillou blanc dans sa poche et le jetait sur le chemin. Quand ils furent arrivés au milieu de la forêt, le père ordonna : — Maintenant, les enfants, ramassez du bois ! Je vais allumer un feu pour que vous n’ayez pas froid.
Hansel et Gretel amassèrent des brindilles au sommet d’une petite colline. Quand le feu eut bien pris, la femme dit : — Couchez-vous les enfants, et reposez-vous. Nous allons abattre du bois. Quand nous aurons fini, nous reviendrons vous chercher. Hansel et Gretel s’assirent auprès du feu et quand vint l’heure de déjeuner, ils mangèrent leur quignon de pain. Ils entendaient retentir des coups de hache et pensaient que leur père était tout proche. Mais ce n’était pas la hache. C’était une branche que le bûcheron avait attachée à un arbre mort et que le vent faisait battre de-ci, de-là.