Extrait du livre Tourbille, la sorcière à l'aspirateur
Tourbille, la sorcière à l'aspirateur d'Eugène Trivizas et Léa Djeziri aux éditions du Jasmin
Tourbille, la sorcière à l'aspirateur
Dans la montagne lointaine aux noirs coquelicots, vivait jadis une sorcière qu’on appelait Tourbille. Un matin, la sorcière Tourbille se leva de fort bonne heure, enfourcha son aspirateur, qui était magique bien sûr, décolla et se mit à voler dans le ciel.
Comme elle passait au-dessus du square, elle y vit plein d’enfants qui jouaient et riaient, insouciants. « Bande d’étourneaux ! se dit-elle. Vous ne savez pas ce qui vous pend au nez ! Jouez et riez, tant que vous pouvez ! Il n’y en a plus pour très longtemps… Je vais les aspirer, puis les enfermer dans la cave la plus sombre de ma maison, celle aux cent araignées et mille cafards. Et chaque matin, j’irai leur tirer les oreilles pour les entendre pleurer. Et de leurs larmes, je ferai de la gelée ! Voilà ce que je vais faire : de la gelée de larmes d’enfants ! Mon petit-déjeuner préféré ! »
Et elle réduisit vraiment sa vitesse, pressa le bouton rouge et… vrrrrrroum ! elle aspira tous les enfants, sauf UN, une fillette à laquelle elle ne fit pas attention, car la petite, allongée à plat ventre sous un banc vert, aidait une fourmi à porter dans son nid un gros grain de grenade.
Puis Tourbille passa la troisième vitesse et continua son chemin. Comme elle survolait le quartier où l’on voit des cerisiers sur les trottoirs et des géraniums sur les balcons secrets, elle aperçut, sur les toits des maisons, des chatons portant à leur cou des colliers de soie. « Je vais tous les aspirer, se dit-elle, et je ferai de leurs colliers un long ruban pour danser la farandole la nuit sous la lune et lancer mes sortilèges. » Elle réduisit sa vitesse, pressa le bouton rouge et…vrrrrrroum ! elle aspira tous les chatons, sauf DEUX, auxquels elle ne fit pas attention, car ils jouaient au rami derrière une cheminée.
Repassant la troisième vitesse, elle continua son chemin. Comme elle survolait un pré parsemé de fleurs, elle vit des papillons danser légèrement tout autour des anémones, des marguerites et des lys. « Je vais tous les aspirer, décida-t-elle, et de leur poudre, je ferai de l’ombre à paupières pour me maquiller. » Et… vrrrrrroum ! elle aspira tous les papillons, sauf TROIS, auxquels elle ne prêta pas attention car elle ne voyait pas très bien.