Extrait du livre Ah, ça... j'y avais pas pensé !
Ah ça... j'y avais pas pensé ! de Ludovic Souliman et Bruna Assis Brasil aux Éditions Utopique Conteur | Ludovic SOULIMAN Claviers, percussions, samplers | Didier JEAN Vibraphone | Alban GUYONNET Voix chantée | Danielle JEAN Composition, enregistrement & mixage | Didier JEAN
Sur la Terre, il y avait une ville immense. La nuit, pleine de lumières, le jour, pleine de bruits, le jour, la nuit, pleine de vie, pleine d'immeubles aussi. Dans ces centaines d'immeubles, il y avait des milliers d'appartements en haut, en bas et au milieu. Chaque appartement était fermé à clé, en haut, en bas et au milieu. Derrière ces milliers de portes fermées à clé, il y avait des millions de gens, fermés à clé en haut, en bas et au milieu.
Chaque soir, ces millions de gens regardaient des milliers d'écrans d'in-fan-ti-té-lé-vi-sion qui s'amusaient à les amuser ou à leur faire peur : - Soyer prudent, il fait froid ! Alerte jaune ! Alerte orange ! Alerte rouge ! Attention, le vent ! Danger de pluie ! Attention, les jeunes ! Risque de grippe pour les vieux ! Vagues de mauvais temps ! Vagues de migrants ! Vagues d'attentats ! Attention à tout, tout le temps !
Dans cette ville immense, il y avait une vieille petite maison coincée entre deux tours géantes qui la regardaient de haut. Dans cette vieille petite maison, il y avait un vieux petit monsieur qui regardait danser les flammes du feu de la cheminée. Il souriait, comme la femme de la photo, dans le cadre tout près de lui. Chaque soir, il écoutait chanter son ami. Son ami avait sa maison dans une petite fissure du mur, car c'était un grillon. Quand le vieux petit monsieur allumait le feu, le grillon était heureux. Il frottait ses ailes et chantait : - Ah, qu'il est doux ! ah, qu'il est bon d'avoir un bon ami, d'avoir un ami bon !
Tout cela est bien mignon et ne mérite sans doute pas notre attention. Les gens heureux sont sans histoire. Oui, mais le malheur vient toujours frapper aux portes des maisons sans autorisation. Le malheur a frappé à grands coups à la porte de la vieille petite maison à l'aube du lendemain. Le vieux petit monsieur a ouvert, et, devant lui, il y avait un gros bonhomme en costume noir, accompagné de deux uniformes en policiers. Quand le gros bonhomme a parlé, sa bouche était pleine de mots pierres qui cognent. Puis, il a brandi un papier sous le nez du vieux petit monsieur : Ordre d'expulsion.
Bien sûr, le vieux petit monsieur en avait déjà reçu, des courriers avec accusé de réception. Des gens étaient même venus le voir pour lui parler gentiment et lui expliquer qu'on allait le déplacer dans un endroit parfait, où il serait très bien. Mais pour le vieux petit monsieur, l'endroit parfait, c'était sa maison. C'était lui qui l'avait construite, c'était là qu'il avait vécu avec sa femme et ses enfants, là où il avait tous ses souvenirs...