Extrait du livre La surprise
La surprise de Dana Monceau et Marta Farina aux éditions Dadoclem
La surprise
Dans une grande et belle maison vivait un richissime homme d'affaires. Sa femme et ses enfants partageaient cette magnifique demeure avec lui lorsqu'il était disponible, ce qui était rare. L'homme d'affaires était toujours très occupé par son travail et profitait peu de sa maison et de sa famille. Cela le rendait triste, mais ainsi était sa vie.
La personne la plus proche de lui, qui partageait ses longues journées de travail, était son chauffeur. Avec le temps, une relation de confiance s'était établie entre les deux hommes. Un jour, seul dans son immense bureau, travaillant toujours et encore, l'homme d'affaires voulut s'offrir un repas d'exception pour égayer un peu sa journée. Il demanda à son chauffeur d'aller lui acheter pour son repas ce qu'il y avait de meilleur.
" Je veux quelque chose d'exceptionnel, le meilleur mets qui puisse exister, quel que soit son prix. Je vous attends avec impatience. " Il fit dresser une belle table dans son immense bureau, et se mit à rêver aux plats rares tels que des hippocampes grillés, une murène en sauce pêcheur, une gazelle rôtie, du gibier, les poissons les plus fins, du caviar ou des légumes aux drôles de formes, épicés avec délicatesse.
Le chauffeur se rendit au marché et décida de mener une enquête auprès des commerçants. " Mais, se dit-il, le poissonnier me dira que le meilleur mets sera fait avec ses poissons et ses fruits de mer, le maraîcher me dira que ses légumes donnent une valeur suprême à tous les plats ! Comment savoir la vérité ? " Il décida alors de poser une question un peu détournée à tous les commerçants, afin de pouvoir se faire lui-même son opinion sur ce qui serait un repas d'exception, jamais préparé. Ainsi, il demanda aux vendeurs quel était le mets le plus succulent qu'ils aient jamais goûté, en se disant que celui qui serait le plus souvent mentionné serait sûrement le meilleur. " Ah, je me souviens d'un repas avec mes amis. Nous nous amusions tellement que même nos papilles s'en réjouissaient, dit le poissonnier. Je ne me rappelle plus très bien ce que nous avions dans nos assiettes, peut-être des poulpes ou des requins, mais nous racontions de bonnes blagues ! C'était une superbe ambiance ! Quant à moi, dit son voisin, la douce parole de mon épouse me fait aimer tous ses plats ! Qu'il s'agisse de ragoûts, de grillades, de pot-au-feu, peu m'importe. Remarquez, pour la remercier et lui dire combien je l'aime moi aussi, je me mets aux fourneaux. Je lui prépare des fruits confits nappés de chocolat. Ma douce adore ça !!! Elle est ma chérie, mon amour. "