Extrait du livre Le gang d'Arlette
Le gang d'Arlette de Dominique Memmi et Anna Griot aux éditions Dadoclem
Le gang d'Arlette
Arlette est une cocotte libre. Arlette aime la vie au grand air, celui qui fait zouuu, vvvvvv et ffffff. Ça lui fait des guilis dans les plumes et des larmichettes dans les yeux. Elle aime aussi la guimauve enrobée d’asticots et le popcorn à l’ail qui craque sous le bec. Dans son sac de voyage, il y en a toujours plein, et aussi un pyjama au cas où il fait froid, une écharpe en soie, une trousse de toilette à paillettes, et un appareil photo pour son travail de reporter. Oui, elle voyage dans le monde entier pour rapporter des témoignages et des photos d’animaux lointains.
Arlette est une poule organisée et informée. Tous les matins, elle lit La crête, et pour améliorer son anglais, Animal Farm. Elle consacre beaucoup de temps à la lecture et à ses nombreux amis qui partagent souvent ses repas assaisonnés de longues conversations. Ce jour-là, l’atmosphère est à la colère. Le chien Pito surgit, affolé, dans le salon d’Arlette. - Je suis bouleversé. Il m’est arrivé une chose incroyable, ce matin.
- J’étais en promenade à la campagne lorsque j’ai croisé, réfugié dans un bosquet, un chien de chasse maigre comme un coucou. Il m’a dit qu’il s’était enfui de chez lui où on l’affamait. Il paraît que plus tu as faim, mieux tu chasses. - Mais c’est affreux ! s’indigne Arlette. - Quand tu penses que ce pauvre chien préfère la rue aux chaînes qu’il portait toute la journée. « Tu comprends, m’a-t-il confié, quand on t’empêche de bouger, au moment de la battue, tu cours mieux et plus vite. » - On ne devrait plus se laisser faire. - Il faut le sortir de là. - Mes amis, plus de temps à perdre. Sauvons ce pauvre chien. Allons vite le chercher ! Tous sont enchantés de la proposition d’Arlette.
Cependant, pas le temps de palabrer. Accompagnée de Goguette la mouette, Arlette enfourche sa vespa. Pito grimpe à l’arrière. Mais, voilà que quelques kilomètres plus loin, c’est la catastrophe ! La vespa pétarade et tombe en panne. Vite, Goguette s’envole pour alerter la dépanneuse. De son côté, Pito choisit la voie terrestre. Arlette s’impatiente sur le bord de la route lorsqu’un élégant jars tout habillé de blanc interrompt sa promenade journalière pour s’adresser à elle. - Chère madame, je vois que vous êtes en grande difficulté. Permettez-moi de me présenter : Geoffroy de Bernache, comte des Graines. Je suis là pour vous servir.
Peu habituée à ces simagrées, Arlette manque de lui rire au bec, mais polie, elle se retient, et lui répond : - Je m’appelle Arlette, tout simplement. Nous sommes tombés en panne. - Nous ? - Oui, mes amis, Pito et Goguette, sont partis en quête de secours. - Et ils vous ont abandonnée toute seule sur le bord de la route comme un chien en plein été. - Ah, vous êtes au courant de ces pratiques ? Non, ce n’est pas mon cas. Nous allons secourir un pauvre chien de chasse.