Extrait du livre Le spectacle du siècle
Le spectacle du siècle de Victor Berbesson, Fanny Joly et Mérel aux éditions Fanny Joly Numérik
Chapitre 1 Coup de théâtre Je m’appelle Caroline et il m’est arrivé une drôle d’histoire. Tout a commencé un mardi. Ce matin-là, le directeur est entré dans la classe juste au moment où madame Plouche, la maîtresse, allait commencer la dictée. Tout de suite, les copains et moi, on a crié : « Bonjour, monsieur le directeur ! », comme si on l’adorait.
Et tout de suite, madame Plouche nous a fait signe de nous taire, en agitant les mains un peu comme un pingouin. Le directeur a dit : – Du calme ! Du calme ! J’ai quelque chose d’important à vous communiquer. Vous savez évidemment que cette année, nous fêterons les cent ans de notre école. Je suis sûr que vous attendez cet événement avec beaucoup d’impatience ! – On s’est tous regardés, l’air étonné. Il a continué : Le spectacle de fin d'année doit être un succès inoubliable. Il faut des idées originales. Et d’urgence. Vous m’exposerez vos projets cet après-midi. Je compte sur vous. Dès qu’il est parti, la maîtresse a fermé son cahier de dictées en criant : – Chuuuuut ! Alors que personne ne parlait.
Puis elle a annoncé qu’on changeait de programme et qu’au lieu de faire la dictée, on allait lui donner des idées de spectacle. Henri a aussitôt proposé : – On pourrait faire une bataille de bombes à eau ! Tout le monde a rigolé. Sauf la maîtresse. – Et si on construisait un circuit de formule 1 dans la cour ? a lancé Arthur. – Y aura des barbes à papa gratuites ? a demandé Sidonie. La maîtresse a répondu que si on continuait à dire n’importe quoi, on allait surtout avoir une punition générale... Une idée me trottait dans la tête, j’ai levé le doigt. La maîtresse s’est tournée vers moi : – Tu veux dire quelque chose, Caroline ? – Ce serait bien de faire une pièce de théâtre ! C’est alors qu’Albert est entré en scène. Il a fait sa mine de S.P.D.C. (Super-Premier-De-la-Classe) et il a levé le doigt : – Justement ! J’ai une proposition à faire, Madame !
Madame Plouche a retrouvé le sourire : – Oui mon petit Albert, parle ! – Pourquoi ne ferions-nous pas une pièce de théâtre en rapport avec l’histoire de la chevalerie, Madame ? – Excellente idée ! a approuvé la maîtresse qui approuve toujours son petit Albert. Nicolas Cuffe a crié : – Ouais ! On pourrait faire Blanche-Neige et les sept Schtroumpfs ! – Non ! a immédiatement crié Albert. On va faire une pièce historique ! Il a sorti de son cartable un dossier assez épais : – Et cette pièce, je l’ai écrite ! Depuis plusieurs semaines, j’y travaille et je l’ai achevée hier au soir ! Tenez, voilà mon manuscrit ! – C’est quoi un manuscrit ? a murmuré Sidonie. Madame Plouche n’a pas répondu.
La maîtresse a pris le cahier comme si Albert venait de lui offrir le plus précieux des cadeaux. En tournant les pages couvertes d’une écriture serrée, elle a dit : – Peux-tu nous résumer l’histoire, s’il te plaît mon petit Albert...? – Voilà, c’est un chevalier très courageux qui réussit à sauver une princesse qu’un dragon a emprisonné dans un donjon. – Ah bon ? Formidable ! Et comment s’appelle-t-il ce chevalier ? – Il s’appelle... euh... Albert. Ce n’est pas obligé... Mais si on veut changer, ça va être compliqué à cause des rimes, parce que ma pièce est écrite en vers... – En vers ! Comment as-tu pu faire, Albert ? Tu es vraiment un expert ! s’est extasiée la maîtresse. À ce moment-là, j’ai reçu un grand coup de coude de mon voisin, Yves, qui s’est levé : – Moi, M’dame, j’aime pas ça, les vers : c’est gluant et c’est dégoûtant. Et puis son histoire de chevalier, elle ne me plaît pas !
J’ai cru que la maîtresse allait s’étrangler. Ou plutôt qu’elle allait étrangler Yves. Mais avant qu’elle puisse dire un mot, Albert a crié : – Tais-toi, tu ne sais même pas ce que c’est que des vers, Yves... l’endive ! Yves, sous le choc, s’est rassis, en marmonnant : – Ça, tu vas me le payer, Albert... le ver de terre ! Yves, le copain de Caroline, n'aime pas la pièce de théâtre écrite par Albert pour la fête de l'école. Les deux garçons se sont disputés. Chapitre 2 Qui joue quoi ? Je l’aime bien, Yves. Il n’est pas très bon en classe, il est mal coiffé, mais il partage toujours ses chewing-gums et il me fait souvent rigoler. À la récré du soir, après la réunion où Albert a lu sa pièce de théâtre au directeur, Yves est venu vers moi : – Hé Caroline ! La pièce d’Albert, elle est nulle, tu ne trouves pas ?