Extrait du livre Les cadeaux du Père Lëno
Les cadeaux du Père Lëno de Fanny Joly et François Daniel aux éditions Fanny Joly Numérik
Les cadeaux du Père Lëno Voici les célèbres clochetons enneigés de Hotteville, là où vit le Père-Noël. Mais attention au redoutable Théo Lëno...
CHAPITRE 1 Bonnes nouvelles de Noël Cette année-là, le 15 décembre, le général Théo Lëno a un choc en feuilletant son journal préféré, Glauquecité-Soir. À la page 8, il tombe sur ce titre « La belle vie du Père Noël ». Le général Lëno scrute chaque détail, chaque photo avec une incroyable nervosité.
Glauquecité-Soir La belle vie du Père Sa formidable générosité l'a rendu célèbre bien au-delà de sa jolie ville de Hotteville. Mais Marcel se moque de la célébrité. " Tout ce qui m' intéresse, dit-il, c'est de faire plaisir aux enfants et de m'amuser ! " A Hotteville, la maison du Père Noël se reconnaît de loin. Il a transformé son jardin en terrain d' entrainement avec une forêt de cheminées de tous les styles. Germaine, la femme de Marcel, veille sur l'équipe de rennes, une équipe hyper-motivée. Marcel et Germaine sont toujours aussi amoureux. " Le seul défaut de Marcel, confie son épouse en riant : il n'est pas assez soigneux. A force de jouer à quatre pattes par terre, il me salit au moins trois houppelandes par semaine... " Germaine s'occupe à elle seule du courrier, des stocks de jouets et des paquets. Elle ne possède pas moins de 67895 sortes de papier cadeau !
Depuis toujours, le général Théo Lëno tente d'oublier son cousin Marcel Noël. Déjà tout petit, Théo trouvait Marcel idiot avec ses grosses joues et sa manie de faire des cadeaux à toute la famille. — Un bouquet de fleurs pour Tante Machine, un dessin pour Oncle Machin... sifflait Théo dans le dos de Marcel. II pensait : «Ce gros lourdaud veut se faire aimer pour ses cadeaux. Moi, quand je serai grand, je me ferai aimer pour moi-même !» Oui et non. Théo avait beau grandir, personne ne l'aimait vraiment. Ses cheveux huileux et ses dents jaunes ne le rendaient pas très attirant. Et puis il était trop souvent de mauvaise humeur. A vrai dire, presque tout le temps. Quand on lui demandait un bonbon, il répondait : — Pfft ! T'as qu'à en acheter... Quand on lui demandait un coup de main, il répondait : — Pfft ! T'as qu'à te débrouiller...
Après l'école, Théo est entré dans l'armée. À force de vouloir commander, il est devenu général. Marcel, lui, s'est lancé dans la carrière de Père Noël avec un succès grandissant.
Et rien n'énerve plus le général Lëno que les bonnes nouvelles de son cousin. Surtout depuis que Germaine Boulon, la jolie fille dont Théo rêvait en secret, est devenue la femme de Marcel. Ce soir-là, son journal sur les genoux, Théo Lëno croit devenir fou de jalousie. Il vide trois boîtes de biscuits salés en répétant : — Pfft ! Regardez-moi ce gros idiot, il fait du tricycle comme un gamin ! Ça ne peut plus durer ! Ça ne peut plus durer ! Le général Lëno ne peut plus supporter la belle vie de son cousin, le Père Noël. Il a lu un reportage sur lui, et ça l'a rendu fou. CHAPITRE 2 Le coup du sac Dès le lendemain, dans le brouillard du petit matin, le général Lëno met ses lunettes de soleil, son béret et son cache-nez. Il démarre sa Mobylette et quitte Glauquecité, sa vilaine ville grise envahie de passants râleurs, de camions pollueurs et de marteaux-piqueurs.