>   Les fables de La Fontaine - Volume 2
Les fables de La Fontaine - Volume 2

Les fables de La Fontaine - Volume 2

9-12 ans - 11 pages, 1012 mots | 9 minutes de lecture | © Marie Comont éditions, 2015, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Les fables de La Fontaine - Volume 2

Les fables de La Fontaine - Volume 2

Ce volume contient les fables suivantes : Les deux Mulets, Le Loup et le Chien, La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion, La Besace, Le Rat des villes et le Rat des champs, Les Voleurs et l'Âne. C'est en 1668, le 31 mars que Jean de La Fontaine fait paraitre son premier ouvrage : « Les Fables Choisies ».

Le recueil "Les Fables" fait partie des listes de référence de l'Éducation nationale (2007 et 2013) pour le cycle 2.

"Les fables de La Fontaine - Volume 2" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Jade

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Un auteur imaginatif et prolifique !

On connait tous les fables les plus connues de La Fontaine. Chacun de nous pourrait en citer une petite dizaine. Mais il en a écrit d'autres moins connues. Si on vous parle de "Les deux chèvres" ou "L'amour et la folie", vous ne connaissez sans doute pas mais il s'agit bien là de fables écrites par Jean de La Fontaine.

Savez-vous exactement combien de fables a écrit Jean de La Fontaine ?

Texte integral du livre Les fables de La Fontaine - Volume 2

Les Deux Mulets Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé, l'autre portant l'argent de la gabelle. Celui-ci, glorieux d'une charge si belle, n'eût voulu pour beaucoup en être soulagé. Il marchait d'un pas relevé, et faisait sonner sa sonnette : Quand l'ennemi se présentant, comme il en voulait à l'argent, sur le mulet du fisc une troupe se jette, le saisit au frein et l'arrête. Le mulet, en se défendant, se sent percer de coups : il gémit, il soupire. "Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ? Ce mulet qui me suit du danger se retire, et moi j'y tombe, et je péris. - Ami, lui dit son camarade, il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi : si tu n'avais servi qu'un meunier, comme moi, tu ne serais pas si malade.


Le Loup et le Chien Un loup n'avait que les os et la peau ; tant les chiens faisaient bonne garde. Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau, gras, poli qui s'était fourvoyé par mégarde. L'attaquer, le mettre en quartiers, sire loup l'eût fait volontiers. Mais il fallait livrer bataille et le mâtin était de taille à se défendre hardiment. Le loup donc l'aborde humblement, entre en propos, et lui fait compliment sur son embonpoint, qu'il admire. Il ne tiendra qu'à vous, beau sire, d'être aussi gras que moi, lui repartit le chien. Quittez les bois, vous ferez bien : vos pareils y sont misérables, cancres haires et pauvres diables, dont la condition est de mourir de faim. Car quoi ? rien d'assuré, point de franche lippée tout à la pointe de l'épée. Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.
Le loup reprit : que me faudra-t-il faire ? Presque rien, dit le chien : donner la chasse aux gens portants bâtons, et mendiants ; flatter ceux du logis, à son maître complaire ; moyennant quoi votre salaire sera force reliefs de toutes les façons : os de poulets, os de pigeons, sans parler de mainte caresse. Le loup déjà se forge une félicité qui le fait pleurer de tendresse. Chemin faisant il vit le col du chien, pelé : qu'est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? Rien ? Peu de chose. Mais encore ? Le collier dont je suis attaché de ce que vous voyez est peut-être la cause. Attaché ? dit le loup : vous ne courez donc pas où vous voulez ? Pas toujours, mais qu'importe ? Il importe si bien, que de tous vos repas je ne veux en aucune sorte, et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encore.
La Génisse, la Chèvre et la Brebis, en société avec le Lion La génisse, la chèvre et leur sœur la brebis, avec un fier lion, seigneur du voisinage, firent société, dit-on, au temps jadis, et mirent en commun le gain et le dommage. Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris ; vers ses associés aussitôt elle envoie : eux venus, le lion par ses ongles compta, et dit : nous sommes quatre à partager la proie ; puis en autant de parts le cerf il dépeça ; prit pour lui la première en qualité de sire : elle doit être à moi, dit-il, et la raison, c'est que je m'appelle lion : à cela l'on n'a rien à dire. La seconde par droit me doit échoir encore : ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort. Comme le plus vaillant je prétends la troisième. si quelqu'une de vous touche à la quatrième, je l'étranglerai tout d'abord.
La Besace Jupiter dit un jour : que tout ce qui respire s'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur. Si dans son composé quelqu'un trouve à redire, il peut le déclarer sans peur : je mettrai remède à la chose. Venez, singe ; parlez le premier, et pour cause. Voyez ces animaux, faites comparaison de leurs beautés avec les vôtres : êtes-vous satisfait ? Moi ? dit-il, pourquoi non ? N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres ? Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché ; mais pour mon frère l'ours, on ne l'a qu'ébauché : jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre. L'ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre. Tant s'en faut : de sa forme il se loua très fort ; glosa sur l' éléphant, dit qu'on pourrait encore ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles ; que c'était une masse informe et sans beauté.
L'éléphant étant écouté, tout sage qu'il était, dit des choses pareilles : il jugea qu'à son appétit dame baleine était trop grosse. Dame fourmi trouva le ciron trop petit, se croyant, pour elle, un colosse. Jupin les renvoya s'étant censurés tous, du reste, contents d'eux ; mais parmi les plus fous notre espèce excella ; car tout ce que nous sommes, lynx envers nos pareils, et taupes envers nous, nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes : on se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain. Le fabricateur souverain nous créa besaciers tous de même manière, tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui : il fit pour nos défauts la poche de derrière, et celle de devant pour les défauts d'autrui.
Le Rat des villes et le Rat des champs Autrefois le rat de ville invita le rat des champs, d'une façon fort civile, à des reliefs d'ortolans. Sur un tapis de turquie le couvert se trouva mis : je laisse à penser la vie que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête, rien ne manquait au festin ; mais quelqu'un troubla la fête, pendant qu'ils étaient en train. À la porte de la salle ils entendirent du bruit ; le rat de ville détale, son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire : rats en campagne aussitôt ; et le citadin de dire : achevons tout notre rôt. C'est assez, dit le rustique ; demain vous viendrez chez moi. Ce n'est pas que je me pique de tous vos festins de roi ; mais rien ne vient m'interrompre ; je mange tout à loisir. adieu donc ; fi du plaisir que la crainte peut corrompre !
Les Voleurs et l’Âne Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient : l'un voulait le garder, l'autre le voulait vendre. Tandis que coups de poing trottaient, et que nos champions songeaient à se défendre, arrive un troisième larron qui saisit maître aliboron. L'âne, c'est quelquefois une pauvre province : les voleurs sont tel ou tel prince, comme le transylvain, le turc, et le hongrois. Au lieu de deux j'en ai rencontré trois : il est assez de cette marchandise. De nul d'eux n'est souvent la province conquise : un quart voleur survient, qui les accorde net en se saisissant du baudet.