Extrait du livre Les Origines du prince Django
Les Origines du prince Django de Mary Estrade, Manuela Dupont et Zad aux éditions Utopique
Les Origine du prince Django
L’histoire que je vais vous raconter a bien plus de cent ans... Elle parle de nous, nous les Roms, les bohémiens, les gens du voyage, les rempailleurs de chaises, les voleurs de poules... Ou encore, les kidnappeurs d’enfants ! À l’époque, on voyageait en roulotte, de ville en ville, de village en village. C’est que nous, les Gitans, les Manouches, les Tziganes, nous sommes des hommes et des femmes libres. Mes amis musiciens, Pépé et Gino, ne vivent plus en roulotte, mais dans une caravane. Marco et moi vivons dans une maison, comme vous. Justement, en parlant de maison, hier, je suis allée faire le ménage au grenier, ça faisait longtemps que je n’y étais pas montée, et j’ai retrouvé... ce landau. Ce landau a une sacrée histoire.
Ma grand-mère m’a raconté, c’était l’hiver, il faisait froid. Circuler en roulotte, avec ce brouillard, était devenu trop difficile, et la fatigue commençait à se faire sentir. Comme nous traversions un petit village du centre de la France, les habitants nous ont proposé leur hospitalité pour quelques jours. Les femmes, les enfants, les hommes et les bêtes allaient enfin pouvoir se reposer un peu.
Rapidement, tout le monde s’est activé pour installer le campement. Et la petite roulotte rouge s’est retrouvée au milieu du champ. La petite roulotte rouge, c’était celle de Laurence. Depuis quelque temps, Laurence était bizarre. Elle avait l’air... absente. Elle, d’habitude si gaie, sortait souvent de chez elle pour regarder tristement les nuages dans le ciel... Au bout d’un moment, Laurence a baissé les yeux. Elle s’est rendu compte qu’elle était entourée d’enfants. Des grands, des petits, des garçons, des filles... Et en voyant le sourire de tous ces gamins qui n’étaient pas les siens, une larme s’est mise à couler sur sa joue. C’était donc ça, le problème de Laurence ! Elle n’arrivait pas à avoir de bébé. On avait enfin compris, alors, on s’est tous réunis et on a discuté. Que pouvait-on faire pour qu’elle ait un enfant ?