Extrait du livre Les voisins sauvages
Les voisins sauvages d'Ulrika Kestere aux éditions de L'Étagère du bas
Les voisins sauvages
Lapin était ravi. Il était en route vers sa maison de campagne. Il l’avait achetée pour trois carottes. C’était cher, mais ça valait le coup. En effet, c’était bien triste de vivre à l’étroit dans un trou sombre toute l’année. Lapin avait fourré dans ses valises tout ce dont il ne pouvait pas se passer : des betteraves, des pommes de pin et un certain nombre de taille-crayons.
La maison de campagne était entourée de grands arbres et de buissons bien ronds. Elle avait une porte lilas et un toit pointu. La cheminée était fine et drôlement longue. Mais, en arrivant à la maison, Lapin eut très peur. Quatre fauves buvaient l’eau de sa fontaine !
Lapin rampa jusqu’au buisson le plus proche de la fontaine. Le plus courageusement possible, il dit d’une petite voix : “Bon-bon-bonjour ! Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? Ceci est mon jardin !” Les bêtes sauvages se tournèrent vers le buisson. “Il me fatigue ce buisson”, soupira le tigre et se remit à laper l’eau. D’un bond, Lapin sortit de sa cachette et cria : “Pardon, mais il se trouve que c’est ma fontaine !” “Nous devons boire à cette fontaine, dit le lion mollement. Nous le faisons pour bien nous réveiller le matin. Tu peux le comprendre, ça. Même si tu n’es qu’un lapin...”